Dessine-moi une option…
Après le remue-ménage des premières 36 heures de course, place au remue-méninge… Les 14 solitaires doivent cet après-midi prendre une option franche : passer à l’est ou à l’ouest du DST (dispositif de séparation de trafic). Les choix se dessinent, ce qui explique qu’aujourd’hui, en tête de flotte, c’est le jeu des chaises musicales : après Fred Duthil (Sepalumic) puis Erwan Tabarly (Armor Lux – Comptoir de la Mer), c’est au tour d’Anthony Marchand (Bretagne – Crédit Mutuel Performance) de prendre les commandes du classement. Le cap Finisterre va redistribuer les cartes, la partie ne fait que commencer…
Ils en avaient bien besoin de cette accalmie. La tempête ne les a pas épargnés. Les petits bobos sont pansés, les avaries réparées, l’intérieur du bateau rangé et nettoyé, le sommeil retrouvé et les plats chauds avalés avec bonheur. Corentin Horeau (Bretagne – Crédit Mutuel Espoir) semblait être en forme à la vacation malgré son choc frontal au niveau de l’arcade sourcilière sur le coin de sa table à cartes. Même chose pour Anthony Marchand et son chariot de génois bâbord arraché et irréparable. Le marin costarmoricain a bricolé un autre système qui lui permet de continuer la course comme avant. En revanche, Arnaud Godart-Philippe (Régates Sénonaises) a annoncé ce matin que sa grand-voile était très endommagée. Le skipper bourguignon se voit contraint de naviguer avec deux ris en permanence. Avec l’abandon de Thierry Chabagny (Gedimat) hier midi, les solitaires ont payé un lourd tribut au golfe de Gascogne.
La deuxième grosse dépression est attendue entre mercredi soir et jeudi soir « avec des vents qui pourront temporairement atteindre le stade de la tempête dans une mer démontée » explique Cyril Duchesne de Météo Consult. Les marins s’y préparent et savent qu’au près cela risque d’être encore plus compliqué. En attendant, chacun prend son chemin pour contourner le rail de trafic par la droite ou par la gauche. La flotte semble se scinder en deux et s’étire largement en latéral : 35 milles séparent maintenant Corentin Horeau, le plus à l’ouest, d’Adrien Hardy (Agir Recouvrement) le plus à l’est. Eric Baray (Tektôn – AGM/Région Martinique), dernier au classement général, se situe désormais à 43 milles de Fred Duthil, le plus au sud. Tous les skippers s’accordent à dire que ce prochain coup de baston sera le dernier. Vivement la glisse dans les alizés…
Classement 18 mars à 16 H
1 : Bretagne – Crédit Mutuel Performance (Anthony Marchand) : à 3 158,06 mn du but
2 : La Solidarité Mutualiste (Damien Guillou) à 1,21 mn
3 : Groupe Queguiner – Leucémie Espoir (Yann Eliès) à 1,50 mn
4 : Bretagne – Crédit Mutuel Espoir (Corentin Horeau) à 6,42 mn
5 : Cercle Vert (Gildas Morvan) à 6,46 mn
Ils ont dit
Fred Duthil (Sepalumic)
« On profite maintenant des conditions pour sécher les affaires et bien s’alimenter pour pouvoir affronter la deuxième dépression qui risque d’être assez forte. Les bateaux ont été mis à rude épreuve pendant la traversée du golfe. Après cette deuxième dépression, nous serons plus relax. »
Adrien Hardy (Agir Recouvrement)
« J’ai déjeuné ce matin pour la première fois et ça fait vraiment du bien depuis 45 heures. Là, nous avons un vent de moins de 15 nœuds, c’est plus maniable car hier c’était costaud. Pour le contournement du Cap Finisterre il y a une difficulté qui est le DST. À mon sens, il y a deux options, pour ma part je vais choisir l’est. »
Anthony Marchand (Bretagne – Crédit Mutuel Performance)
« Le coup de vent va être fort, mais il va falloir passer. Ca va être un moment crucial, je pense. Tout le monde a des petits « pètes » sur les bateaux, donc il va falloir faire attention. J’ai arraché mon rail bâbord de génois, mais ça va le faire. Pour réparer, j’ai fait un système avec des bouts, ça va aller. »
Fabien Delahaye (Macif 2012)
« Je n’ai pas dormi depuis le départ, jusqu’à hier soir. J’ai toujours eu une main sur la barre… Pour le DST, j’ai mis du temps à me décider. Avec les fichiers de ce matin, j’ai jugé difficile de passer à l’ouest donc je vais passer côté est pour me permettre de faire ce que je veux pour la suite. Demain, tout va dépendre de la position des uns et des autres sur le plan d’eau. »
Corentin Horeau (Bretagne – Crédit Mutuel Espoir)
« On a vraiment été servi, je n’avais jamais navigué dans des conditions pareilles, ce n’était pas évident de prendre des ris dans les voiles en étant malade. Hier soir, je me suis explosé l’arcade en tombant dans le bateau sur le coin de la table à cartes, je vais désinfecter, tout va bien. J’ai réussi à dormir un peu et je commence à manger normalement donc je suis content. Je vais plutôt passer à droite. Je suis plus à l’ouest des autres donc mon objectif est de passer à droite en descendant. »
Arnaud Godart-Philippe (Régates Sénonaises)
« C’est un peu moyen car j’ai déchiré ma grand-voile. Je navigue avec deux ris et la grand-voile n’est pas réparable. C’est une voile d’occasion (elle date de 2011), j’ai affalé ce matin. Je vais voir l’ampleur des dégâts. Tout le bas est délaminé. J’ai renforcé au niveau du deuxième ris. Ce n’est pas évident. Je vais continuer à naviguer sous deux ris. »