Après un départ et des premiers milles confortables dans le goulet de Brest, la situation s’est radicalement corsée pour les 15 solitaires de la Transat Bretagne- Martinique lorsqu’ils sont entrés en mer d’Iroise. Car en plus d’une mer très formée et dure, ils ont dû composer avec les grains de plus en plus fréquents et un vent de plus en plus fort. Comme on s’y attendait, leur première nuit en mer n’a donc pas été de tout repos.

Sportive, glaciale et noire : c’est ainsi que l’on pourrait résumer cette première nuit en mer. Pas très drôle en somme. Mais les marins s’y attendaient. Ils savaient qu’une fois au large, la situation allait se dégrader nettement tout comme leur confort de vie à bord. C’est donc avec les grains et les giboulées qu’ils ont composé toute la nuit et qu’ils continuent de le faire ce matin. Aucun doute, les solitaires sont bel et bien dans le vif du sujet. Ils passent une grande partie de leur temps dehors, sur le pont, à réguler le bateau. Border, choquer. Ne pas se faire surprendre. « On est au charbon » résumait Fred Duthil (Sepalumic), nouveau leader de la flotte au classement de 5 heures, ce matin à la vacation. C’est d’autant plus vrai que depuis peu – aux alentours de 4h30 – 5h -, le vent est monté d’un cran pour atteindre 40-45 nœuds. Pas de surprise cependant, même si les fichiers avaient annoncé un peu plus tôt dans la nuit l’arrivée de ce fort vent de nord-ouest dans le golfe de Gascogne après le passage d’un petit minimum dépressionnaire. Point positif néanmoins: les bateaux progressent vent de travers et peuvent ainsi tenir la toile. Malgré tout, c’est loin d’être de tout repos pour les 15 concurrents de cette Transat Bretagne – Martinique qui sont d’ores et déjà bien trempés et pour lesquels la situation ne va pas s’arranger avant l’arrivée au cap Finisterre, à l’approche d’un axe de dorsale. Pour l’heure, le vent va continuer de souffler violement dans les rafales. A l’image de cette nuit, cette journée de lundi s’annonce sportive.

Ils ont dit :

Fred Duthil (Sepalumic) – 1er au classement de 5 heures :

 » Il y a un peu beaucoup de mer avec des gros grains, avec de la grêle dedans : les bonnes giboulées de mars ! Il y a vingt minutes le vent est vraiment rentré et il a eu 45 nœuds. Ca s’est re-stabilisé à 30-35 nœuds mais il y a du vent fort. Le front est passé. C’est un peu plus tard que prévu. C’était assez technique au départ, il y avait encore un peu de courant qui nous portait dans le goulet. Le départ est assez positif. J’ai bien navigué jusqu’en face de Sein avec Yoann Richomme. Cette nuit, c’était assez calme au début et maintenant on est au charbon parce qu’il faut faire marcher le bateau. Un bon début de course. On a passé une bonne partie de la nuit dehors parce qu’il y a des bascules de vent dans les grains et si tu n’es pas à l’écoute pour choquer ou border à ce moment-là tu perds beaucoup. On est déjà bien trempé mais je pense que c’est pareil pout tout le monde. On sait que ça va durer un peu de temps jusqu’au cap Finisterre, après ça va s’améliorer avant de reprendre une nouvelle dépression ».

Anthony Marchand (Bretagne-Crédit Mutuel Performance) – 3ème au classement de 5 heures :

 » Ca caille comme dans un frigo géant. Le vent vient juste de commencer à rentrer assez fort, dans l’instant on a 40 nœuds. Ce sont des grains et on est au vent de travers donc on peut tenir encore la toile. Dans le goulet il ne fallait pas déchirer les voiles. Après il y a eu du près, à tirer des bords avec le courant avec nous. Il y avait pas mal de vent, c’était assez technique, avec pas mal de manœuvres. On a pris un gros grain de grêle, par moments ça ne ressemblait plus à grand chose. C’est assez compliqué ! »

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