Ce samedi à 13h14’11’’ (heure Paris), à Cadix en Espagne, le maxi-trimaran Sodebo a coupé la ligne de départ du record en solitaire sur la Route de la Découverte. Thomas Coville s’attaque au chrono établi en novembre 2008 par Francis Joyon en 9 jours, 20 heures, 32 minutes et 23 secondes, à la vitesse moyenne de 17,91 nœuds. Le skipper de Sodebo sait que l’exercice s’annonce ardu car la configuration météo sur l’Atlantique promet quelques passages à niveau complexes à négocier. La priorité de Thomas est bien de se préparer au mieux pour sa tentative de record sur le parcours du tour du monde l’hiver prochain et, pour celui qui se décrit comme un dur au mal, ‘’il n’y a pas meilleur entraînement que celui de vivre jour et nuit sous la pression du chrono.’’

Avec ses routeurs à terre, Jean-Luc Nélias et Thierry Douillard, Thomas a choisi de s’élancer sur cette traversée de 3 884 milles (7 200km) vers l’Ile de San Salvador aux Bahamas malgré une fenêtre météo très exigeante. En effet, après une descente ventée vers l’archipel des Canaries qu’il doit traverser dans la nuit de dimanche à lundi, Sodebo devra composer avec au moins deux passages de front sur la route des Caraïbes ; de quoi imposer la plus grande réactivité au marin.

Ce record emprunte la route de Christophe Colomb lors de sa découverte de l’Amérique il y a cinq siècles et la trajectoire officielle impose à ses prétendants de laisser l’Ile de Gran Canaria à tribord. Il y a quatre ans, après un début de parcours optimal puis une route Nord relativement rapide, Francis Joyon, avait ralenti dans des vents erratiques sur le dernier tiers de la traversée. Le skipper d’Idec avait finalement amélioré d’une quinzaine d’heures le précédent temps réalisé en 2005 par mister Coville à bord du trimaran Orma de 60 pieds (18,28m) Sodebo.

Beau tremplin !

Cette fois-ci, Tom s’élance à la barre de son maxi-trimaran de 102 pieds (31 mètres). Avec déjà 20/25 nœuds de vent de secteur Nord dans la baie de Cadix au moment du départ, le skipper avait choisi de couper la ligne avec une grand voile à 2 ris et la trinquette à l’avant. Sodebo bénéficie d’un tremplin viril avec 30/35 nœuds de vent de Nord-Nord Est annoncés sur les fichiers en face d’Agadir. Dès qu’il n’a plus été abrité par la côte espagnole, Sodebo a rapidement accéléré et progressait à plus de 25 nœuds, deux heures après son départ.

‘’Sur la route des Canaries, il y aura beaucoup de vent à gérer au portant dans une mer bien formée,’’ confiait le skipper avant de quitter le quai. ‘’Un départ plutôt costaud avec une arrivée en 36 heures à Gran Canaria que je vais aborder en pleine nuit. Sodebo ne devrait pas trop sentir le dévent de l’île puisque le vent souffle de secteur Nord, par contre s’extraire de l’archipel s’annonce délicat avec peu de lumière et beaucoup de trafic.’’

‘’Ensuite, je m’attaquerai au passage d’un premier front, sur une route plutôt Nord,’’ poursuit-il. ‘’Ce sera le premier point clef de ma traversée. Je sais que la situation météo n’est pas la plus optimale pour ce parcours mais c’est engagé et cela fait partie de l’opportunisme des records. Compte tenu de notre programme, c’est le bon timing pour partir. Après la traversée de la Méditerranée en septembre (en 25h), nous voulions faire une transat en solo et un retour en équipage dans cette idée de monter crescendo dans l’entraînement pour le tour du monde de cet hiver qui est notre priorité avec Sodebo. Même si je ne m’attends pas à une traversée des plus fluides, j’ai envie et besoin de me confronter au chrono.’’

Pour battre le précédent record de Francis Joyon, Thomas doit couper la ligne d’arrivée, située devant la petite île de San Salvador aux Bahamas, avant mardi 12 février à 9h46’34’’ (heure française, 8h46’34’’ TU).