Suspens et tension
Difficile de savoir ce qui se passe actuellement dans la tête des deux principaux leaders…une chose est sûre, la lutte sera âpre jusqu’à l’arrivée. Ce matin, c’est Armel Le Cléac’h (Banque Populaire) qui reprend du terrain. Jean-Pierre Dick (Virbac Paprec 3), malgré la perte de sa quille, devance toujours Alex Thomson (Hugo Boss), beaucoup plus rapide pendant que Jean Le Cam (SynerCiel) et Mike Golding filent désormais sur l’autouroute vers l’équateur. Derrière, la progression est lente et plus compliquée.
A un peu plus de 1200 milles des Sables d’Olonne, le suspens reste total dans cette dernière ligne droite du 7ième Vendée Globe. L’on pouvait croire que François Gabart (MACIF), ce matin au coeur de l’archipel des Açores, entre l’île de Tercera et de San Miguel, aurait encore pris un peu d’avance en touchant le premier hier les bons vents de sud-ouest qui doivent le porter a vive allure vers le port vendéen mais c’est finalement Armel Le Cléac’h (Banque Populaire) qui s’est montré le plus rapide cette nuit. Le skipper de Banque Populaire, avec un meilleur cap sur la route directe pour l’instant, est parvenu a reprendre les milles qu’il avait perdu hier. Un peu plus au sud, il est revenu à 88 milles du leader dans un vent de sud-ouest d’une vingtaine de noeuds qui devrait pousser les deux skippers au moins jusqu’à la Corogne. Situation forcément usante pour les deux marins après tant de milles parcourus. Jusqu’à la fin, il va falloir éviter toute erreur, se montrer irréprochable dans les manoeuvres, vigilant en permanence sur les réglages pour optimiser au maximum la bonne marche du bateau, saisir la moindre opportunité météorologique…chasseur ou chassé, les dernières heures de ce Vendée Globe promettent une incroyable intensité jusqu’au passage libérateur de la ligne d’arrivée, dans quelques dizaines d’heures seulement maintenant. Avec un skipper surdoué aux avant-postes et un poursuivant tout aussi talentueux réputé pour son incroyable ténacité, la dernière ligne droite se fera sous haute tension, surtout si l’on ajoute à cela le risque de casser…
Cruel dilemme
Car c’est bien la hantise des derniers milles, quand l’homme et la machine s’approchent de la fin de cet incroyable parcours, usés par l’accumulation de la fatigue et des milles. Jean-Pierre Dick (Virbac Paprec 3) en sait malheureusement quelque chose, lui qui navigue depuis deux jours sans quille. A 500 milles des Açores, il lui reste encore quelques jours pour faire le choix d’abandonner ou de tenter de rejoindre les Sables d’Olonne. Cruel dilemme car si pour l’instant le skipper niçois parvient à conserver sa troisième place, dans un vent portant d’une quinzaine de noeuds et une mer relativement maniable, son retour en Vendée est conditionné par une météo qui lui permette de continuer à naviguer sans risque fort de chavirer…Il lui sera de toute façon vraisemblablement très compliqué de conserver sa place sur le podium malgré cette magnifique résistance. Alex Thomson (Hugo Boss), le plus rapide de ces dernières 24 h avec 350 milles parcourus naviguait ce matin 7 noeuds plus vite que son adversaire direct et n’est désormais plus qu’à 90 milles du tableau arrière de Jean-Pierre Dick. En plus de viser une formidable troisième place, sur son plan Farr de 2007, il pourrait également boucler le parcours en moins de 80 jours…
Retour vers le portant
A 900 milles de l’Anglais, à 30 milles dans l’est de l’archipel Fernando de Noronha, Jean Le Cam (SynerCiel) est toujours à la lutte avec l’un de ses plus éminents compatriotes. Après une progression lente et difficile au large de la côte brésilienne, Mike Golding (Gamesa) s’est recalé dans le sillage du breton, 35 milles derrière. Les deux marins d’expérience filent désormais à un peu plus de 15 noeuds sur la route directe vers l’équateur, distant de 250 milles. Dans un vent de sud-ouest de 15 noeuds, le skipper de SynerCiel devrait revenir dans l’Atlantique Nord en fin de soirée aujourd’hui…enfin ! Un peu plus de 300 derrière, le Suisse Dominique Wavre (Mirabaud) retrouve également le plaisir de la navigation, à la longitude exacte des deux forçats de l’Atlantique Sud. Le vent n’est pas très fort mais il est maintenant de travers et permet une progression pile vers le nord, à un peu plus de 11 noeuds de moyenne. 160 derrière dans l’ouest, à la latitude de Salvador De Bahia, la situation s’améliore progressivement également pour Arnaud Boissières (Akena Vérandas), même s’il progresse toujours lentement au près dans un vent de nord-est de 10 noeuds. Le skipper sablais a empanné cette nuit et semble vouloir rester proche des côtes brésiliennes. Plus à l’est, à 175 milles de Dominique Wavre, l’Espagnol Javier Sanso (Acciona 100 % EcoPowered), en proie à d’importants soucis électroniques et de girouettes cassées qui lui interdisent de recevoir toute information concernant la force et la direction du vent, progresse toujours à faible vitesse dans un flux de nord-est de 8 noeuds qui devrait bientôt passer à l’est, lui permettant d’ouvrir un peu les voiles et de faire route directe vers le nord.
Ca freine à l’arrière
Après une impressionnante remontée, Bertrand De Broc (Votre Nom autour du Monde avec EDM Projets) se trouvait fortement ralenti ce matin et évoluait à 8 noeuds à moins de 3000 milles des leaders. Il glisse actuellement plein est pour traverser une zone sans vent avant de se recaler vers le nord prochainement, au près. Toujours dans un flux portant, au reaching, Tanguy de Lamotte (Initiatives-coeur), qui vient de passer la latitude de Rio de Janeiro, devrait en revanche bénéficier du vent de sud-est qui le pousse actuellement à un peu plus de 13 noeuds toute la journée et bien revenir sur Bertrand De Broc. A près de 4200 milles de François Gabart, Alessandro Di Benedetto (Team Plastique) progresse péniblement au près, dans la bordure ouest d’une zone de haute pression, au large de Buenos Aires (Argentine). Le skipper franco-italien, privé de trois voiles de portant (gennaker, petit et grand spi) va maintenant devoir adapter son parcours aux configurations de voiles qui lui reste…
Classement au 24/01 – 04h00
- François Gabart
[ MACIF ]
à 1223.2 milles de l’arrivée - Armel Le Cléac’h
[ Banque Populaire ]
à 88.2 milles du leader - Jean Pierre Dick
[ Virbac-Paprec 3 ]
à 597.1 milles du leader - Alex Thomson
[ Hugo Boss ]
à 688.8 milles du leader - Jean Le Cam
[ SynerCiel ]
à 2213.7 milles du leader