Duels et avaries
Si aux avant-postes de ce septième Vendée Globe, la nuit s’est résumée à une intense course de vitesse, en milieu de peloton et en toute fin de flotte, les choses ont une fois de plus pris des tournures très compliquée. Progression toujours erratique pour le club des cinq, montée dans le mât très périlleuse pour Alessandro Di Benedetto (Team Plastique) suite à la nouvelle perte d’une voile d’avant…le retour vers les Sables d’Olonne loge les concurrents à de biens différentes enseignes.
Il avait déjà perdu son gennaker, il y a deux jours, voilà qu’il déchire son spinnaker cette nuit…le skipper franco-italien, malgré son incroyable enthousiasme, a sûrement passé des heures très difficiles cette nuit. Obligé de monter une nouvelle fois dans le mât, dans des conditions de mer et de vent très peu recommandables pour ce genre d’exercice, surtout en solitaire, il est resté deux heures en l’air pour libérer la chaussette et le reste du spi. Seule la poulie de drisse est restée en tête de mât, tant la situation était périlleuse, à 27 mètres de hauteur. Il ne lui reste plus maintenant que la poulie de capelage. Même si le skipper avoue s’être beaucoup cogné lors de l’opération, il ne s’est heureusement pas blessé. Reste que cette audacieuse escalade a du être éreintante pour le fringant quadra, plein d’équimoses ce matin mais à nouveau sur le cap des Sables d’Olonne, à faible vitesse toutefois (7 noeuds cette dernière heure) dans un vent de sud-ouest de 20 noeuds.
Remontée par l’arrière
Un peu plus de 850 milles devant l’étrave de Team Plastique, Tanguy de Lamotte (Initiatives-coeur), toujours au portant dans un flux de sud-sud-est de 20 noeuds poursuit sa belle progression des derniers jours mais semble marquer un peu le pas sur Bertrand de Broc (Votre Nom autour du Monde avec EDM Projets) ce matin, distant d’un peu plus de 200 milles, avec une vitesse inférieure d’un peu plus de deux noeuds sur la dernière heure (11,8 contre 13,9). Les deux hommes remontent toujours très fort sur le peloton des poursuivants, fermé par Arnaud Boissières (Akéna Vérandas). En 24 h, Bertrand de Broc a repris plus de 200 milles au skipper du bateau sablais.
Progression toujours erratique au milieu
Il faut dire que le club des 5 est vraiment mal logé dans cette remontée de l’Atlantique Sud. De souvenirs de marins très expérimentés tels que Jean Le Cam (SynerCiel) ou autres tourdumondistes acharnés comme Dominique Wavre (Mirabaud) ou Mike Golding (Gamesa), cette partie du globe n’a jamais été aussi compliquée et désagréable pour eux. Pendant qu’Arnaud Boissières, à 2699 milles des leaders progresse au portant tout près des côtes brésiliennes ce matin, à 30 milles de la latitude de Victoria, au milieu d’un intense et dangereux trafic maritime, Javier Sanso (Acciona 100 % EcoPowered) et Dominique Wavre progressent difficilement au près, vent dans le nez (20 noeuds de nord). Dans une mer hachée, courte et difficile, le skipper espagnol multiplie les virements épuisant pendant que le marin suisse se fraye un chemin compliqué contre les éléments. A l’avant du groupe, c’est la même souffrance pour Jean Le Cam qui devance toujours Mike Golding d’une courte étrave (10 milles) sur la route théorique directe pendant que l’écart latéral, qui était de 300 milles il y a peu de temps encore, se réduit ce matin à 80 milles. Le skipper anglais progresse cependant beaucoup plus directement vers les Sables grâce à un meilleur angle de vent (nord-est 15 à 18 noeuds), pendant que le breton est obligé de filer vers le nord-est dans un vent de nord de même intensité.
Duels sous haute tension
De l’autre côté de l’équateur, à 1600 milles de l’étrave de Jean Le Cam, le duel pour la troisième place continu entre Alex Thomson (Hugo Boss) et Jean-Pierre Dick (Virbac Paprec 3). Dans un alizé de nord-est de 15-20 noeuds, les deux prétendants au podium poursuivent leur remontée de l’Atlantique Nord à bonne allure, avec un avantage pour le skipper niçois qui s’est montré le plus rapide ces dernières 24 h, avec 370 milles parcourus à 15,4 noeuds de moyenne contre 332 milles à 13,8 noeuds pour le skipper anglais. Le gain de Jean-Pierre Dick sur son rival direct, plus décalé à l’ouest, est de 20 milles, soit 246 milles d’avance maintenant. Aux avant-postes, un autre duel se joue à l’échelle planétaire, pour la victoire suprême cette fois. François Gabart (MACIF), à moins de 1860 milles des Sables d’Olonne, était nettement ralenti ce matin. Il progresse à moins de 10 noeuds (9,5) depuis 5 h. Les premiers effets du rapprochement du centre de l’anticyclone des Açores commencent à se faire sentir. Armel Le Cléac’h (Banque Populaire), moins freiné pour l’instant (12,6 noeuds) en profite pour grapiller quelques milles, à 142,8 milles du leader. Le passage de cette difficulté météorologique représente sûrement la dernière chance pour le skipper de Banque Populaire de jouer un coup pour la victoire. Les prochains jours promettent d’êtres passionnants !
Classement au 21/01 – 04h00 UTC
- François Gabart
[ MACIF ]
à 1 858,8 milles de l’arrivée - Armel Le Cléac’h
[ Banque Populaire ]
à 142,8 milles du leader - Jean Pierre Dick
[ Virbac-Paprec 3 ]
à 474,4 milles du leader - Alex Thomson
[ Hugo Boss ]
à 739,9 milles du leader - Jean Le Cam
[ SynerCiel ]
à 2 340,7 milles du leader