Après une année 2012 riche en péripéties et un premier été américain, l’équipe de l’Hydroptère d’Alain Thébault profite de l’hiver pour affiner son programme technologique et sportif. La recherche de partenaires se poursuit.

Retour sur la saison 2012 de l’Hydroptère
En 2012, l’hiver est passé vite. Tout juste parrainé par un groupe français, l’Hydroptère ambitionne de battre le record de la Transpacifique entre los Angeles et Hawaii. Un changement de terrain qui nécessite d’adapter la « F1 des mers » en « 4×4 des océans ».
A La Ciotat, dans le sud de la France, l’équipe technique travaille sept jours sur sept à la métamorphose du bateau. L’oiseau de carbone quitte la France fin mai. « Ça a été un des chantiers les plus intenses et les plus enrichissants que j’ai connu » explique Warren Fitzgerald, Boat Captain.
l’Hydroptère tire ses premiers bords à Los Angeles mi-juillet. Malheureusement la météo ne donne pas de résultat et la suite le confirmera, les seules fenêtres météo favorables sont déjà passées. L’équipe s’entraîne pendant un mois en Californie du sud puis monte à San Francisco pour saluer les bateaux des America’s Cup World Series.
l’Hydroptère affronte jusqu’à trois mètres de creux et trente nœuds de vent à « Point Conception », le passage ardu de la côte Californienne. Dans le froid et le tumulte de l’océan Pacifique, le trimaran volant passe du climat désertique de Los Angeles aux brumes de San Francisco. Angles de vent mis à part, ce convoyage est un bon avant-goût de ce qui attendra les navigateurs sur leur route vers Hawaii. Le Golden Gate Bridge est franchi de nuit, au son des cornes de brumes. « Un souvenir extraordinaire. Nous étions rincés de fatigue, et malgré le froid, nous étions tous dehors à contempler les bases de ce colosse de métal rouge » se souvient Jacques Vincent, co-skipper du projet.
A San Francisco, l’automne s’installe mais toujours pas de fenêtre vers Hawaii. L’espoir d’une tentative de record cette saison s’éteint. Qu’à cela ne tienne, l’Hydroptère griffe la baie et fait partager sa technologie au public américain. Les stars de la Silicon Valley et de l’America’s Cup se succèdent à bord et l’équipe d’Alain Thébault en profite pour établir un petit record local : 37,5 nœuds de moyenne sur le mille nautique. « Juste un clin d’œil à la concurrence, on espère que ce record sera battu et que nous pourrons venir le défendre à l’automne prochain » plaisante Alain Thébault, concepteur et skipper de l’Hydroptère.
Début novembre, le partenaire-titre de l’écurie pour trois ans annonce son retrait anticipé. Le report de la tentative de record bouleverse le calendrier prévu initialement et ne correspond plus à ses objectifs. Avant les fêtes, l’Hydroptère est mis à l’abri dans la baie de San Francisco et la recherche de nouveaux partenaires démarre.

Hiver 2013 studieux
L’équipe de l’Hydroptère travaille actuellement sur un programme de développement sur cinq ans avec un double objectif : le large et un retour à la vitesse pure.
A court terme, l’Hydroptère doit récolter un maximum d’expérience sur le Pacifique et aura pour mission de démontrer dans les faits que les voiliers peuvent voler au large. La tentative de record de la Transpacifique reste programmée pour cet été et sera suivie d’une campagne de relations publiques à San Francisco. « C’est impressionnant comme ce bateau continue de faire rêver, cette technologie fascine toujours autant. l’Hydroptère est le seul bateau capable de naviguer au large et d’emmener des invités à près de 50 nœuds de vitesse » rappelle Yves Parlier, navigateur.
A moyen terme, l’écurie souhaite réaliser un prototype de vitesse pure, inspiré des récents travaux de Vestas Sailrocket. « La frontière du supersonique à la voile a été franchie grâce à Paul Larsen, il n’y a plus de frein. Désormais ce sont les 80 nœuds de moyenne qu’il faut viser » explique Alain Thébault.
A plus long terme enfin, l’Hydroptère 2, un trimaran qui fera la synthèse des performances de l’Hydroptère et de celles des meilleurs maxi-multicoques classiques, aura pour objectif de franchir l’Atlantique en trois jours et de dépasser la barre des mille milles nautiques avalés en 24 heures.
« Nous avons acquis une expérience considérable dans le domaine des foils et de la haute vitesse. Avec ces trois défis, nous avons de quoi alimenter un programme ambitieux sur 5 ans. La technologie et l’esprit pionnier seront comme toujours au centre. Nous profitons de cet hiver pour mixer les compétences, varier les sources de conseils et nous travaillons avec assiduité à l’élaboration d’une feuille de route globale. L’objectif est de décrocher d’ici le printemps une première série de soutiens pour viabiliser le dispositif » explique Alain Thébault.

Le skipper de l’Hydroptère sera présent au salon nautique de Düsseldorf ce week-end où il s’exprimera sur l’avenir des multicoques et les nouveaux enjeux de la haute-vitesse à la voile.

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