La Panerai Transat Classique 2012 connaît son vainqueur. En franchissant la ligne d’arrivée à La Barbade avec 18 heures d’avance sur The Blue Peter, White Dolphin remporte aussi cette épreuve intense en temps compensé. Mais d’autres concurrents sont toujours en mer et les arrivées vont se succéder dans les heures qui viennent.

Un très beau vainqueur pour une très belle course. En franchissant la ligne hier à 15h49 (heure locale), White Dolphin succède à Stiren, vainqueur de l’édition 2008, et écrit un chapitre de plus dans la légende de la Panerai Transat Classique, en réalisant le score parfait : premier en temps réel et en temps compensé de l’étape Saint Tropez-Cascais, premier en temps réel et en temps compensé de l’étape-reine Cascais-La Barbade. Ces victoires marquent bien sûr la qualité du magnifique dessin de ce ketch construit en 1967, au chantier Beltrami et terminé au chantier Sangermani, en Italie, mais aussi la compétence, la ténacité et l’enthousiasme de son équipage. Autour de Pascal Stefani, le propriétaire, et de Yann Delplace, le skipper, Fred, Nicolas, Jean-Fabrice, Arnaud et Jordan ont démontré un bel esprit de solidarité et d’ingéniosité pour affronter les problèmes qui ont émaillé leur parcours – pannes de moteur et de générateur, spi déchiré, arrachement du rail de vit de mulet (pièce métallique qui tient la bôme sur le mât, ndlr) -, mais aussi partager de bons moments, avec des quarts de nuit magiques, des longs surfs endiablés, des couchers de soleil somptueux… Pascal Stefani tient surtout à remarquer l’exigence de cette course exceptionnelle : « Nous avons tout le temps été dans la course, d’abord pour revenir sur The Blue Peter et ensuite essayer de préserver notre avance, mais aussi pour contrer les attaques de Corto et Persephone, toujours très dangereux en temps compensé. Notre meilleure option a été de descendre directement au Sud, par l’Est des Canaries : nous y avons trouvé du vent quand nos adversaires luttaient dans des petits airs. Mais ce n’était pas gagné à ce moment, il restait beaucoup de route à faire. »

Un accueil incroyable

Pour accueillir un tel vainqueur, il fallait une ambiance chaleureuse et la population de La Barbade a répondu présente. Lorsque White Dolphin s’est présenté devant le pont levant de l’Inner Basin, au cœur de Bridgetown, la capitale de l’île, des milliers de spectateurs l’ont acclamé, avant que l’équipage ne soit présenté par le Ministre du Tourisme en personne. Aujourd’hui, les marins, un peu fatigués par leur première nuit à terre, mais heureux, vont rencontrer les écoliers d’une classe de primaire qui les ont soutenus toute la traversée par des échanges de messages. Dans la soirée, c’était au tour de Red Hackle de s’amarrer, après un peu plus de 20 jours de mer. Son propriétaire, Guy François, aussi ému que joyeux, entraînait son équipage dans un show plein d’humour en l’honneur des filles de l’organisation de la course.

Un second valeureux

Ce matin, à 9h29 (heure locale) dans une belle brise, sous génois, trinquette et grand voile à un ris, The Blue Peter franchisait à son tour la ligne d’arrivée. Le doyen de la course, fort de ses 82 ans, signe là une remarquable performance, petit message adressé à ceux qui croient que ces « commodes Louis XV », comme on les appelle parfois, sont incapables de se livrer à fond, et de traverser un océan en course. Autour de Sabine Masquelier, fédératrice de ce beau projet, Mathew Barker, le propriétaire, et Emmanuel Fontaine, le navigateur, ont rassemblé un bel équipage européen (anglais, français, italien et espagnol) de marins bien connus du circuit méditerranéen : Laurence, Paola, Rémi, Alejandro et Simon. Cette deuxième place, ils ont été la chercher, sans jamais lâcher à leurs adversaires. Et si le bateau n’arborait pas le pavillon Panerai Transat Classique lors de son entrée dans le port, c’est que celui-ci avait servi à faire des pièces pour réparer… un spi explosé.

La course continue

Mais si les premiers profitent déjà de la douceur de vivre à La Barbade, il reste neuf équipages en mer : ne les oublions pas. La lutte pour la troisième place est plus acharnée que jamais et si Corto a pris un petit avantage, il doit toujours se méfier d’un retour de Persephone, mais aussi de Gweneven. Les prochaines arrivées sont prévues pour lundi en fin de matinée (heure française) et le spectacle s’annonce – une fois de plus – grandiose entre Corto et Valteam, très proches en temps réel. Une empoignade à suivre sur le site www.transatclassique.com

Messages du bord

Cipango
« Journée cool, avec douche à l’avant à l’eau de mer désormais à 26, 27 degrés : un bonheur. Dans ma grande mansuétude (Maurice, le propriétaire, ndlr), j’accorde à chacun 1/3 de litre d’eau de la soute pour le rinçage (nous tablons ici sur 4 l d’eau par personne et par jour). Au programme, sieste, bronzing, ti’ punch, et on soigne toujours nos repas. Ce matin, on s’est parlé sur la VHF avec Gimcrack. On ne s’est pas vu, mais nous avons croisé un grand 2 mâts qui nous a appelés sur le 16, et c’est Gimcrack qui a répondu avant nous. Et c’est ainsi que nous avons appris que la nuit avait été très bénéfique pour nous : comment ces mers accueillantes et assez douces en ce moment peuvent-elles laisser place à des combats aussi titanesques entre deux bateaux ? »

Gimcrack
« Nous sommes ravis d’animer la fin de course et trop pressés d’être avec vous à la Barbade. Nous voguons dorénavant toutes voiles dehors. Le vent est encore faiblard, mais les conditions à venir semblent optimales. Nous n’avons presque plus de rhum à bord, du coup on est contraint de se faire des planteurs avec le rhum à poisson (rhum vieux et bas de gamme pour offrir une mort digne et respectable aux dorades coryphènes que nous pêchons : déjà 5 !). Aujourd’hui, le plus gros spécimen : 1,02 m. De ce fait, j’ai envoyé une invitation à Maurice pour le dîner, mais je ne suis pas sûr qu’il l’accepte. L’équipage de Cipango devrait pourtant s’offrir des protéines pour être en forme, car nous allons les coiffer sur le poteau à La Barbade. »

Croix des Gardes
« Les déchets nous submergent. Notre société moderne est un emballage jetable, et le concept de « faire et réparer » est relégué dans les livres d’histoire. Vivre à bord signifie que nous avons un espace limité, à la fois pour la conservation des aliments et pour les divertissements. Les enfants étaient rationnés à une grande boîte en plastique de jouets chacun et chacun de nous a un fourre-tout de vêtements. Lorsque ceux-ci sont endommagés ou usés, nous devons faire ce que nous pouvons avec eux car il n’y a pas de magasins en mer. De même, nous devons minimiser l’emballage car il n’y a pas de poubelles en mer : nous gardons tous nos déchets avec nous. Nous avons essayé d’enlever l’excès d’emballage à la source, par exemple avec l’achat d’une caisse de légumes sur le marché local, et le choix des jambons et des fromages dans de gros conditionnements. Les déchets que nous créons restent à bord, en conformité avec les instructions de course. Les seules choses qui vont à la mer sont les déchets alimentaires. Nos articles principaux déchets sont la cellophane et les briques alimentaires que nous rinçons à l’eau de mer, mais maintenant elles commencent à sentir. »

Source

Articles connexes