Sur l’île de La Barbade, l’impatience augmente au fur et à mesure de l’avancement de la flotte de la Panerai Transat Classique 2012. Les premiers sont attendus pour le 22 au soir. L’accueil s’annonce exceptionnel en plein préparatifs de Noël.

Un réel sens tactique : les navigateurs embarqués sur les voiliers de la Panerai Transat Classique 2012 font preuve de subtilité pour conserver une bonne vitesse à l’approche de La Barbade, malgré la présence de vents légers sur la route directe qui, comme le savent tous les marins, n’est jamais la plus rapide pour aller d’un point à un autre en mer. En arrondissant par le sud, ils se maintiennent dans un bon flux d’est qui les poussent vers la ligne d’arrivée. Au classement, White Dolphin conserve un avantage sur The Blue Peter, mais il faut se méfier des arrivées sur les îles dont le contournement, avec des vents souvent fluctuants, réserve bien des surprises. Et la correction en temps compensé peut aussi chambouler bien des choses. D’ailleurs plusieurs courses se déroulent au sein de la Panerai Transat Classique et celle qui voit s’affronter Corto et Persephone n’est pas la moins acharnée avec un retard de moins de 6 heures pour le deuxième. Chaque manœuvre, chaque option, chaque incident peut remettre les compteurs à zéro… ou créer définitivement la différence. Et le filet pris sous la quille de Persephone aurait pu être ce facteur déterminant s’il n’avait pas été découvert à temps. Derrière, le trio infernal composé de Gimcrack, Artaius et Cipango continue de jouer au chat et à la souris, avec des routes très proches.

Arriver ou repartir

Les premiers sont maintenant attendus pour le 22 en fin de journée, en pleines festivités barbadiennes de préparation de Noël. Les enfants des écoles sont de plus en plus impatients à l’idée de rencontrer ceux qui les ont fait rêver depuis maintenant trois semaines et la presse locale va couvrir cet événement majeur dans la vie de l’île. Mais pour plusieurs concurrents, Noël se fêtera en mer. C’est ainsi que sur Croix des Gardes, Elisabeth et Matthew, les deux jeunes enfants de la famille Kelman, commencent à préparer cadeaux et décorations. Ainsi que le signale Sabine, sur The Blue Peter, à quelques jours de franchir la ligne et de retrouver une vie de terriens, un sentiment assez diffus gagne les marins : « Envie et pas envie d’arriver, mais vous allez nous aider à résoudre cette douloureuse contradiction, je compte sur vous ! » Si le plaisir et l’impatience de retrouver leurs proches se fait de plus en plus intense, le désir de voir se prolonger encore un peu cette aventure humaine et sportive extraordinaire grandit doucement. Un accueil chaleureux de la part des familles qui commencent à arriver, des organisateurs et de la population devrait permettre à nos valeureux navigateurs de passer ce cap si délicat : celui du retour à terre.

Messages du bord

Persephone

« La journée d’anniversaire s’est bien passée et nous avons pu fêter cela avec bien sûr le colis Panerai tant attendu. Donc, spaghettis et sauce tomate – une merveille ! – arrosés le midi du superbe vin italien. Quant à l’huile d’olive, elle est réservée pour les salades du bord. En guise de cadeau, la mer nous a offert un magnifique filet à la tombée du jour, d’une taille impressionnante. Nous avons pu le découvrir grâce à la caméra étanche embarquée : celle-ci fait 3 inspections par jour et nous a déjà servi 3 fois. Bref, moins drôle, affalage de spi, bout au vent et baignade pour démêler la touffe grosse comme 2 ballons de foot. À part ça, nous avons fini par une superbe omelette au Mount Gay, Caraïbes oblige, et 61 bougies à souffler. Le nombre est un peu moins drôle. Bien entendu, nous ne lâchons rien et sommes pressés d’arriver. »

Artaius

« Grand conseil de guerre ce soir pour décider la route à suivre afin d’éviter par le sud une bulle anticyclonique qui nous priverait de vent. Espérons que ce sera le bon choix et que la météo ne nous jouera pas des tours comme lorsque nous avons été pris dans la pétole du côté des Canaries. Et si, au passage, nous pouvons gagner une ou deux places par rapport à des bateaux qui n’ont pas pris la même option,… Nos réserves de frais s’épuisent : plus de pommes de terre, d’oignons, de pommes, oranges, pamplemousses, pain, etc… Heureusement, il reste les sachets déshydratés rachetés à Samantha Davies de Savéol : ce soir, deux d’entre nous ont eu de l’émincé de boeuf aux petits légumes et les deux autres du poulet à l’indienne. Un vrai régal. La seule difficulté, c’est de doser l’eau bouillante à mettre dans le sachet. Joël s’est superficiellement brûlé 3 doigts au moment où le bateau a fait une embardée. La pharmacie du bord a servi. Nous avons pétri et enfourné notre premier pain. Un vrai régal. Après avoir perdu 3 leurres et failli mettre une canne à l’eau – le pêcheur avec ! -, nous avons enfin réussi à attraper une daurade coryphène. Joël a découpé des filets et mis à macérer dans le jus d’une vingtaine de citrons verts. Verdict demain midi ! Jusqu’à présent, les seuls poissons attrapés étaient des poissons volants trouvés le matin, échoués sur le pont : ça ressemble un peu à des maquereaux mais avec des ailes tout le long du corps. On les voit voler juste au-dessus de l’eau lorsqu’ils sont pris en chasse par des plus gros poissons. Nous commençons à envisager les dates d’atterrage. Pas avant le 27 décembre à la Barbade. Nous passerons Noël en mer. »

Croix des Gardes

« Nous avons eu des nuits avec les voiles pendantes et le choc des poulies soulevées par une petite brise et retombant lourdement sur le pont. Les fichiers météo journaliers indiquent que nous sommes dans les alizés, mais la réalité est tout autre. Par chance, un vent léger bien établi permet de garder le spi gonflé ; ajouté à une légère houle, nous avons enfin pu passer une nuit de sommeil sans dérangement. La chaleur aujourd’hui est accablante et nous désespérons d’arriver, aussi nous avons tous pris un bon bain dans des eaux attirantes. Nous avons été rejoints par un groupe d’une vingtaine de dauphins, avant d’apercevoir un pétrel solitaire (oiseau des hautes mers, ndlr) à plus de 1 000 milles de la terre la plus proche. […] Avant le départ de la course, nous avions estimé que les bateaux les plus rapides feraient 200 milles par jour pour une arrivée à La Barbade aujourd’hui. Nous espérions les suivre 5 jours plus tard, avec une moyenne de 150 milles par jour. Les trois derniers jours, nous avons parcouru à peine 130 milles par 24 h. Il faut que nous réalisions de belles journées à 160 milles pour combler un peu de notre retard. »

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