Vers la fin du monde ?
Depuis leur entrée dans le grand sud et avec le plus grand terrain de jeu de la planète sous les pieds, les 13 marins encore engagés dans la course évoluent vite, très vite. Mais à quoi sert cette recherche sans fin de la performance, de l’inexorable optimisation du matériel pour gagner le dixième de nœud nécessaire, alors que le monde ne sera plus le 21 décembre prochain. Mais François Gabart, toujours leader sur Macif à 700 milles de la prochaine porte, n’est il justement pas au bon endroit ? Sous ces latitudes où seuls les albatros osent braver les tempêtes et les vagues, les solitaires seront peut-être les uniques hommes épargnés par le cataclysme qui se prépare. Ce No Man’s land aquatique dans lequel les solitaires évoluent n’est-il pas « the place to be » ? Désolés messieurs les albatros, il faudra désormais partager la crête des vagues avec d’autres spécimens.
Waterworld
Ils n’ont plus qu’une coque mais filent à la vitesse des multicoques et sans terre à l’horizon cet espace de 18,28 mètres de long vaut de l’or. Affublés d’une véranda, d’une terrasse avec vue et de centaines de mètres carrés de voile pour filer plus vite que le vent, Macif, Banque Populaire, Virbac Paprec 3 et Cheminées Poujoulat ouvrent toujours la route dans un flux généreux qui se plait à partager le quotidien des marins depuis plusieurs jours. Mais pour les poursuivants, l’anticyclone désire offrir un peu de repos dans cette folle cavalcade vers le sud. Hugo Boss risque de se faire rattraper par les griffes des hautes pressions et devra slalomer pour conserver la vitesse nécessaire pour toucher, non pas la terre, mais cette porte virtuelle, 900 milles devant son étrave.
Mais à quoi bon ! La terre sera t’elle encore vivante dans 9 jours. Kevin Costner avait il finalement raison ? Toujours est il que Tanguy De Lamotte l’a bien compris en commençant à manger de petites crevettes tombées sur le pont de son Initiatives Cœur. Il va falloir improviser, s’adapter, survivre peut être et l’axe de la terre aura tellement bougé que les marins seront dans l’hémisphère nord en un claquement de doigt. Alors les premiers seront les derniers et Alessandro di Benedetto qui vient de passer la porte des Aiguilles (22h30 TU le 11/12/12) aura 3280 milles d’avance sur Macif, l’actuel leader.
Les 40e Rugissants
Preuve que la terre ne va pas bien, les 40e sont faiblards. Est-ce la crise qui touche aussi les fondamentaux ? Il fera bientôt bon venir à Crozet passer ses vacances par 46° non pas de latitude sud mais de température. L’anticyclone des Açores en a-t-il eu assez de l’Atlantique ? A-t-il décidé de venir jouer dans le grand sud, lui aussi ? Toujours est il que Mike Golding, Jean Le Cam et Dominique Wavre aimerait bien le renvoyer chez lui pour enfin sentir les safrans vibrer lorsque le voilier file à plus de 25 nœuds et venir eux aussi chatouiller les 500 milles par jour. Une situation encore plus difficile pour Javier Sanso qui attend le retour de bonnes conditions pour gagner dans l’est, vers la porte Amsterdam.
En revanche pour Arnaud Boisisères, Bertrand de Broc et Tanguy De Lamotte, les 40e sont généreux avec 25 à 30 nœuds de vent. Une aubaine pour les 3 marins qui affiche entre 320 et 370 milles sur les dernières 24h.
Et les 50e alors ? Comment seront-ils ? Hurlants ou larmoyants ?
Océans
Ce Vendée Globe n’est pas une fiction et le récit des 13 marins encore en course en est le plus bel exemple. Ces témoins privilégiés de l’évolution de notre planète, nous font partager et découvrir un monde finalement peu connu et dont seuls quelques solitaires, une fois tous les 4 ans osent braver en nous apportant de fabuleuses images qui prendraient tout à fait place dans le plus incroyable des documentaires sur les océans.