A la porte du Pot au Noir
Peu importe la météo, les skippers en tête ne cessent d’accumuler les milles. Impressionnant à ce jeu de vitesse, Jean Pierre Dick fond sur François Gabart, 6 milles devant. À 450 milles de l’équateur et à la porte de la zone de convergence intertropicale, les leaders devraient sérieusement ralentir. Les stratèges vont commencer à abattre leurs cartes et quelques options pourraient se dessiner. En 6e position, si la cadence et les vitesses enregistrées par Hugo Boss ne laissaient rien transpirer hier, Alex Thomson a eu un sérieux problème de barre de liaison de safrans. Une réparation forcée au milieu d’un océan agité lui permet de continuer sa route. À Madère, Samantha Davies devrait prendre la mer d’ici une heure, direction la France mais au moteur tandis qu’à Santo Antao au Cap Vert, Jérémie Beyou tente de trouver une solution pour fixer définitivement sa quille.
Les champs de vent, sa direction et la mer ne semblent pas avoir d’incidence sur la cadence imposée par les leaders depuis quelques jours. Toujours mené d’une main de maître par Armel Le Cleac’h (1er sur Banque Populaire), le groupe leader, composé de François Gabart (2e sur Macif), Jean Pierre Dick (3e sur Virbac Paprec 3), Bernard Stamm (4e sur Cheminées Poujoulat), Vincent Riou (5e sur PRB) et enfin Alex Thomson (6e sur Hugo Boss), file toujours au portant à des vitesses comprises entre 13 et 17 nœuds. Mais la plus belle remontée est à mettre depuis 24h sur le compte du niçois Jean Pierre Dick qui navigue presque un nœuds plus vite que Le Cleac’h et avec 390 milles parcourus en 24 heures.
À moins de 6 milles dans le tableau arrière de Macif, Dick met la pression et se place idéalement pour attaquer le Pot au Noir. Toujours à la lutte pour la 7e place, Mike Golding (7e sur Gamesa), Dominique Wavre (8e sur Mirabaud) et Jean Le Cam (9e sur SynerCiel) se tiennent en 4,7 milles. Leur route, longtemps lointaine, est désormais commune et c’est de front qu’ils naviguent en direction du Pot au Noir. Trois marins qui accumulent une douzaine de tours du monde à eux seuls et qui savent bien qu’une 7e place avant d’attaquer l’équateur n’est pas si mal et que de nombreux changements peuvent encore intervenir
De son côté, Bertrand de Broc (12e sur Votre Nom Autour du Monde), après avoir doublé Tanguy De Lamotte (14e sur Initiatives Cœur) et Javier Sanso (13e sur Acciona) a du travail pour aller chercher Jérémie Beyou (11e sur Maitre Coq) et Arnaud Boissières (10e sur Akéna Vérandas). À l’arrière de la flotte, Gutek sur Energa navigue toujours au ralenti (ces problèmes de pilotes et d’électronique ne semblent pas encore stabilisés), tandis qu’Alessandro Di Benedetto (15e sur Team Plastique) file plein sud et devrait bénéficier de conditions très favorables pour bien glisser vers le sud.
Les problèmes d’Hugo Boss
Hier, Alex Thomson a dû relever ce qui est pour lui le plus gros défi depuis le départ de ce Vendée Globe 2012/2013. En effet, son hydrogénérateur s’est cassé, endommageant au passage la partie tribord de la barre de liaison de ses safrans.
L’incident s’est produit à 11h samedi matin alors que son monocoque avançait à une vingtaine de 20 nœuds. Alex s’est alors trouvé dans l’incapacité de barrer son bateau, qui est alors devenu totalement incontrôlable. Alex a dû immobiliser son bateau pendant une heure – alors que de fortes vagues s’écrasaient sur l’arrière du bateau – afin de rendre le safran tribord à nouveau opérationnel et de pouvoir reprendre la navigation.
“Cette barre est un tube en carbone assez fin, qui fait 3 mètres de long et qui est cassé à deux endroits différent. Malheureusement, il n’y en a pas un de rechange à bord. Pour la réparation, J’ai pris des bandes de carbone et je les ai utilisées comme des attelles au niveau des fissures. Il a d’abord fallu couper ces bandes avec une meule et une lame spéciale que j’avais à bord. Ce n’était pas une partie de plaisir car tout a immédiatement été couvert de poudre de carbone. J’ai fait de la place dans le cockpit et je me suis mis au travail, tout en maintenant une vitesse moyenne de 19 noeuds. Et je ne me suis même pas coupé un doigt et je n’ai pas non plus fait de trou dans la coque! À la fin, j’étais couvert de peinture argentée et de poudre de carbone, le cockpit ressemblait vraiment à l’atelier de Cliff’s! Évidemment, la réparation n’est pas très jolie à voir, mais au moins, ça fonctionne. Tout ça représente quand-même 7 heures de travail et pas mal de rangements ensuite! J’étais crevé mais plutôt content de nous. Un sacré travail d’équipe! » expliquait Alex.
Le skipper britannique a depuis enclenché la vitesse supérieure et continue d’afficher de très belles moyennes.
Maitre Coq au Cap Vert – Savéol reprend la mer
Pendant ce temps au Cap Vert, Jérémie Beyou est à l’abri sous l’île de Santo Antao et l’arrivée de son équipe technique dans les prochaines heures devrait marquer le début des réparations pour stabiliser la quille afin de rendre le système le plus sécurisant possible pour continuer le tour du monde.
Petit rappel, en aucun cas Jérémie Beyou ne peut recevoir d’aide extérieure. C’est seul qu’il doit effectuer sa réparation.
Plus au nord mais hors course, Samantha Davies sur Savéol s’apprête à prendre la mer direction la Bretagne mais au moteur. Une route pas si facile que ça surtout en hiver. Bon courage à Sam et à son équipe pour ce long périple qui sera marqué par plusieurs escales au Portugal et en Espagne.