Coup dur pour le skipper Maître CoQ : dans la nuit de samedi à dimanche, une pièce maîtresse, le vérin de quille, a cassé. Il est contraint depuis la nuit dernière de faire route vers les îles du Cap Vert pour s’abriter et tenter de trouver une solution à ce souci technique majeur.

Tout allait pour le mieux hier soir à bord de Maître CoQ. Le bateau filait au portant, sans forcer, à 21 nœuds de vitesse, sur la route directe. Jérémie Beyou se reposait à l’intérieur lorsqu’il a entendu un gros « bong ». Le bateau est parti au lof et sa quille a pris 10° d’angle. Le skipper de Maître CoQ a vite constaté que la tête de vérin de quille, qui permet de basculer l’appendice en latéral de façon à augmenter son efficacité, avait cassé net. Jérémie a réussi à sécuriser sa quille à l’aide de cordages, mais cette réparation ne pourra résister aux milliers de milles à venir de ce tour du monde. Déjà, aujourd’hui, par 25 nœuds de vent et une mer formée, Jérémie est obligé de brider son Maître CoQ pour préserver sa réparation. Par chance, les îles du Cap Vert, relativement proches de sa route vont lui offrir un abri salutaire, le temps, si possible, de trouver une solution à cet épineux problème technique.

« Cela n’aurait jamais dû arriver »

« Une telle pièce ne casse jamais ! C’est incroyable, cela n’aurait jamais dû arriver » : les experts, qui se sont penchés la nuit dernière sur le cas de cette tête de vérin de quille, ont été unanimes : cela n’aurait jamais dû casser. Cette pièce en titane est conçue pour supporter des charges de 120 tonnes alors qu’au maximum, sur Maître CoQ, la charge, dans la pire des configurations, est de 40 tonnes. Et le vérin de Maître CoQ avait été révisé l’hiver dernier, juste avant que Jérémie ne prenne le bateau en main. Mais ce mystère sera à élucider plus tard. Aujourd’hui, l’urgence pour Jérémie est de faire face et, si possible, de repartir. Il fait actuellement cap, à 5 – 6 nœuds, sur Santo Vincente, à Mindelo. Toute son équipe technique est sur le pont depuis la nuit dernière, et tout sera mis en œuvre pour permettre à Jérémie et à Maître CoQ de poursuivre leur tour du monde.

Jérémie Beyou, skipper Maître CoQ :

« Hier en début de nuit, j’ai entendu un grand bruit, le bateau est parti au lof et la quille a pris 10° d’angle. Ai-je tapé quelque chose ? Le vérin a-t-il cassé seul ? Toujours est-il que la tête de vérin de quille s’est cassée net. L’urgence fut avant tout de sécuriser la quille et de bloquer la tête de quille qui, du coup, n’était plus retenue. Avec la mer qu’il y a dans le coin, ça n’a vraiment pas été facile de ligaturer le tout. Il faut faire très attention où on met les doigts dans ces cas là, car chaque mouvement de l’appendice, c’est des tonnes de déplacement ! J’ai quand même réussi à amarrer la tête de quille avec des cordages d’un côté, et à bloquer le bout de vérin qui restait de l’autre côté.

Mais ces cordages, qui peuvent prendre jusqu’à 40 tonnes de charge à chaque secousse du bateau, ne vont pas tenir indéfiniment. Cela permet de se mettre à l’abri, mais pas de faire un tour du monde. Surtout que dès que le bateau gîte, il prend l’eau maintenant (un joint a été abîmé lors du bris de la tête de vérin et de la fixation des cordages destinés à bloquer la tête de quille, ndlr). Les pompes fonctionnent en permanence, ça arrive à peine à étaler les rentrées d’eau. »

Jérémie devrait rallier les belles îles capverdiennes en soirée ce dimanche. Là, il pourra se reposer un peu après ces dernières 24 heures plus qu’éprouvantes et réfléchir, avec l’aide de son équipe, à la meilleure des solutions.

Quelle que soit l’issue de ce coup du sort, si imprévisible, Jérémie aura marqué ce début de Vendée Globe par la gestion intelligente et saine de sa course.

Les conditions météo au moment de l’avarie

Vent de 20 à 26 nœuds, mer formée, mais pas cassante. Le bateau, sous GV 1 ris et Solent, se comportait bien, entre 17 et 21 nœuds de vitesse. Jérémie se reposait à l’intérieur, serein dans ces conditions.

Timing de l’avarie et de la réparation

A 22h35 TU (23h35 heure française). Temps de réparation (préparer le matériel, effectuer les virements nécessaires et la ligature de la tête de quille) : 3 heures.

Le vérin de quille, qu’est-ce que c’est ?

Il y a un seul vérin par quille. C’est une pièce inox normalement « indestructible » qui pèse une centaine de kilos. Il faut être à trois pour le manipuler. Impossible et inutile d’en embarquer un de rechange. Maître CoQ avait le vérin le plus puissant de la flotte. La tête de vérin de quille était capable de supporter une charge de 120 tonnes, alors qu’en navigation ce sont des charges maximales de 40 tonnes qui peuvent faire basculer la quille. De mémoire d’experts (Mer Forte, Michel Desjoyeaux …) jamais une telle pièce n’avait cassé et personne ne comprend les raisons de cette avarie.

Position de Maître CoQ et progression

  • Vitesse instantanée : 5.6 noeuds
  • Place : 10
  • Cap : 113
  • Position : 17°02.33’N 25°48.31’W

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