Les pontons des Sables d’Olonne ont pris des airs de véritable fourmilière depuis une dizaine de jours. D’un pont à l’autre, l’activité qui règne en dit long sur l’état de préparation des équipes. Totalité de la caisse à outils sortie ici, équipe technique oeuvrant dans la plus totale sérénité là, à douze jours du grand départ le Team Cheminées Poujoulat appartient définitivement à la deuxième catégorie. Horizon dégagé et planning ne nécessitant que de se préoccuper des ultimes détails et petites finitions de confort… Tout va bien. L’occasion de revenir sur toutes les spécificités maison qui font du monocoque de Bernard Stamm, le seul plan Kouyoumdjian de la flotte, un bateau à part, comparable à nul autre.

Le 10 novembre prochain, le navigateur suisse au palmarès long comme un jour sans pain s’alignera au départ de son quatrième Vendée Globe. Quatre et non trois en effet comme ont tendance à l’indiquer les statistiques. Privé de ligne de départ en 2004 pour cause d’avarie de quille quelques semaines plus tôt sur la Transat anglaise, Bernard Stamm s’était pourtant bel et bien préparé à ce tour du monde. Une débauche d’énergie et un conditionnement physique et psychologique loin d’être neutres et qui comptent autant en termes d’expérience. A la veille du quatrième rendez-vous avec cette grande boucle, c’est donc dire si l’homme connait le rythme effréné de la dernière ligne droite à terre. D’une édition à l’autre, il a parfois du passer de longues heures à achever sa préparation aux Sables d’Olonne, là où les autres pouvaient s’accorder repos et concentration. Signe des temps et surtout d’un projet totalement abouti, le marin profite actuellement de sa famille en cette période de vacances scolaires, confiant à son équipe le soin de bichonner Cheminées Poujoulat. Serein et parfaitement détendu, il poursuit ses entraînements physiques quotidiens et entre en douceur dans la peau du solitaire qu’il sera pendant 80 jours. Un luxe qu’il goûte particulièrement, lui qui n’a pas toujours pu se l’offrir.

Optimisation des rangements

En Vendée, toute l’équipe veille avec minutie et passion sur le compagnon de route du « patron ». Seul plan signé de l’architecte franco-argentin, Juan Kouyoumdjian, Cheminées Poujoulat attire les regards autant que les convoitises. Si l’extérieur laisse souvent les amateurs de belles mécaniques rêveurs, que dire de l’intérieur ! Commençons par ce qui s’impose à l’œil de tout visiteur privilégier dans le ventre de la bête : le stacking track ou rail de matossage. Révolutionnaire, ingénieux, esthétique et foncièrement pratique, le système de rangement du bord intègre à part entière le schéma de performance du bateau. Ainsi, les sept caisses en carbone fixées au plafond sur un fer à cheval de deux fois 16 mètres de rail (au moyen de 2 000 vis en titane) entre les bastaques à l’arrière du bateau et le mât, vont-elles pouvoir se déplacer d’un bord à l’autre, au gré des conditions et des besoins, en limitant les efforts. Avec une charge maximale de 100 kilos par rangement, autant dire que Bernard Stamm aura non seulement toujours l’essentiel à portée de main – sécurité, vêtements, nourriture – mais qu’il bénéficiera également d’un intérieur très dégagé.

Navigation scientifique et responsable

Autre spécificité et non des moindres, le Mini Lab. Coureur au large particulièrement préoccupé par la santé des océans, Bernard Stamm a ainsi voulu naviguer vite, bien et utile. De cette volonté est née le projet scientifique Rivages initié par la Fondation de Famille Sandoz et développé en partenariat avec Océanopolis, parc de découverte des océans situé à Brest. Véritable observatoire de la recherche océanographique, Cheminées Poujoulat s’apprête à parcourir le globe avec à son bord une station autonome embarquée équipée de capteurs qui mesureront plusieurs paramètres de l’eau de mer de surface : température, oxygène dissous, conductivité, turbidité, acidité et fluorescence. Une fois par heure, un prélèvement liquide se fera automatiquement, puis sera analysé, avant renouvèlement de l’opération. Quand le skipper se connectera pour récupérer les informations météo, les données seront systématiquement transmises à terre via le serveur informatique du bord. Léger, peu gourmand en énergie et ne nécessitant pas d’intervention du skipper, le Minilab est né de la collaboration de scientifiques et d’ingénieurs qui mettront les résultats de ces précieuses recherches au service de la communauté des océanographes réunis au sein d’un observatoire de l’environnement marin. Parrain du monocoque de Bernard Stamm, Eric Hussenot, directeur d’Océanopolis, sera présent aux Sables d’Olonne à partir du 6 novembre pour encourager le marin et accompagner ce projet exceptionnel et foncièrement citoyen.
Racé, puissant et performant, le monocoque Cheminées Poujoulat est à plus d’un titre un bateau de son temps, tourné vers l’avenir de la planète !

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