Naviguer, c’est s’adapter. Les marins étaient prêts à lutter contre les éléments, la direction de course a préféré suspendre la course. Escale forcée à Barcelone pour la deuxième étape de la Panerai Transat Classique 2012, entre frustration, déception et compréhension. Nouveau départ lundi matin, direction Gibraltar, puis Cascais.

« La décision était difficile à prendre, mais je l’assume totalement. » François Séruzier, directeur de course de la Panerai Transat Classique, en marin averti, ne cherche pas à se dérober et défend sa position lors d’un briefing avec les skippers. Chez ces derniers, on perçoit bien entendu de la frustration : se préparer pendant des mois et des semaines, prendre un départ avec des conditions parfaites, passer 24 heures à faire glisser le bateau sous spi et devoir s’arrêter sans même être classé, il est vrai que le coup est rude. Certains regrettent de ne pas avoir pu aller jusqu’à la porte prévue au nord de Palma, sur l’île de Majorque aux Baléares (une porte est une ligne fictive définie par des données GPS et qui peut servir de marque de parcours ou de ligne d’arrivée en cas de réduction de parcours). « Au moment de faire mon choix, les prévisions étaient très instables et les conditions pouvaient se dégrader plus tôt que prévu… ou plus tard, précise François Séruzier. Envoyer les bateaux jusqu’à Palma, c’était prendre le risque de les laisser affronter 50 nœuds de vent. L’évolution des conditions peut me donner tort, mais ma responsabilité est de garantir leur sécurité. »

Cette escale forcée à Barcelone, où les concurrents sont reçus avec chaleur par le Real Club Nautico de Barcelona, risque de mettre en difficulté l’un des participants. White Dolphin, le redoutable yawl au palmarès impressionnant, ayant perdu son hélice dans les heures précédant son arrivée, il ne peut repartir qu’à condition d’en avoir reposé une autre : le règlement interdit bien sûr de s’en servir pour faire avancer le voilier en course, mais les règles de sécurité imposent d’avoir un mode de propulsion opérationnel au moment du départ (après, cela fait partie des fortunes de mer). Or, trouver une telle pièce en deux jours, qui plus est un week-end, n’est pas chose facile. Il faut maintenant compter sur la solidarité des gens de mer pour dénicher dans les heures qui viennent cette pièce indispensable et permettre à White Dolphin de reprendre la course.
Sur Corto, le rapide sloup dessiné par Dick Carter, le temps est à l’analyse. « Sur les premières heures de course, nous avons trouvé le bateau performant, explique Maxime Abbar, le fils du propriétaire. Nous avons bien navigué sous spi léger avant que le vent ne monte peu à peu, et le rythme des quarts s’est installé en douceur. On pensait vraiment pouvoir aller jusqu’à Palma. Mais le point de vue de l’organisateur n’est pas le même et l’on a compris sa décision. » L’équipage veut maintenant positiver pour corriger les petits défauts aperçus et profiter au maximum des plaisirs de la capitale catalane, avant de reprendre la mer lundi.
Cette halte imprévue pose bien sûr des problèmes de planning, la majorité des marins embarqués étant des amateurs qui doivent reprendre des activités professionnelles dès l’arrivée à Cascais. « Même à Palma, nous aurions dû interrompre la course, ajoute François Séruzier. Nous pensons redonner un nouveau départ lundi, en prévoyant deux nouvelles portes, au large de Carthagène et à 25 milles avant le détroit de Gibraltar. » Jusqu’à Gibraltar, il reste 500 milles à parcourir, avant de remonter la péninsule Ibérique jusqu’à Cascais. De quoi laisser le temps à ces marins et compétiteurs acharnés de faire la preuve de leurs tempéraments et de la qualité de leurs coursiers.

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