Tout s’accélère ! En raison de prévisions météorologiques difficiles, avec un fort coup de vent annoncé samedi dans le golfe du Lion, le directeur de course de la Panerai Transat Classique, François Séruzier, a annoncé hier matin, en accord avec l’ensemble des skippers, que le départ de cette étape était avancé à aujourd’hui 17 h. Cette décision permettra à l’ensemble de la flotte de se trouver à l’approche des Baléares avant que les éléments ne se déchaînent : 45 noeuds de vent (80 km/h) de nord et des creux pouvant dépasser 5 m. Dès l’annonce officielle, l’activité déjà intense sur les voiliers de la course a redoublé, entre visites de sécurité par le comité d’organisation, dernières vérifications des bateaux et embarquement de l’avitaillement.

Toujours prêt !

Si le plateau de concurrents est un peu moins fourni que celui espéré il y a quelques mois, la qualité des concurrents engagés sur cette belle étape entre Saint-Tropez et Cascais laisse présager une lutte acharnée où aucun des participants n’est prêt à lâcher quoi que ce soit. À bord du doyen de la flotte, The Blue Peter, l’équipage se compose de marins aguerris qui cumulent sens de la tactique, avec d’innombrables participations aux régates du circuit classique méditerranéen sur des coursiers aussi réputés que Rowdy, Mariska ou Helen, et expérience du large avec des dizaines de traversées transatlantiques, en course ou en convoyage. Ce magnifique cotre dessiné en 1930 par Alfred Mylne, célèbre architecte naval écossais, est emmené par son propriétaire, Mathew Barker, pour le compte d’une amatrice éclairée qui souhaite ainsi réaliser un vieux rêve : traverser l’Atlantique. Avec ces premiers 1 000 milles (1 850 km) à courir vers Cascais, l’occasion est belle de souder l’équipage et d’apprivoiser le voilier. Côté préparation, The Blue Peter possède un avantage certain sur ses rivaux : le nom du bateau correspond au pavillon envoyé par le comité de course pour annoncer les dernières minutes avant le départ. Comme le souligne Mathew avec un sourire, c’est une façon de dire : « Toujours prêt à partir ! ».

Un solide palmarès

Ce voilier est une énigme. Sans architecte identifié et conçu pour faire de la croisière, il écume les régates du circuit classique et les a toutes gagnées. White Dolphin est devenu en l’espace de quelques saisons l’une des terreurs du plan d’eau ou comment un gentil dauphin s’est métamorphosé en un requin affamé. La construction de cet élégant yawl a débuté au chantier Beltrami, mais avec la fermeture de celui-ci, il a été achevé par le très réputé chantier italien Sangermani. Repris par son actuel propriétaire Pascal Stefani il y a quelques années, White Dolphin possède de nombreux atouts pour bien figurer lors de cette Panerai Transat Classique 2012. « Mais il nous faut du vent pour faire marcher au mieux le bateau », déclare Yann Delplace, le capitaine du bateau. Avec 8 personnes à bord, il envisage cette étape avec sérieux : « J’ai souvent connu des conditions plus difficiles en Méditerranée qu’en Atlantique. » Les derniers bulletins prévisionnels semblent lui donner raison, mais aussi lui procurer un petit plus dans la lutte pour la victoire.

Une belle histoire de famille

Il rentre à la maison. Sea Lion retourne chez lui à Cascais, son dernier port d’attache, la suite d’une belle histoire de famille. Construit en 1952 au chantier Abeking & Rasmussen en Allemagne, Sea Lion est né de la commande d’un régatier américain, membre du très select New York Yacht Club, pour participer – et remporter – de nombreuses courses outre-atlantique, dont la redoutable Bermuda Race. Il vend ensuite le bateau à la mère de l’actuel propriétaire, Manuel Champalimaud, qui garde des souvenirs très précis de ses navigations à bord lorsqu’il était petit garçon. Le bateau est cependant revendu et change plusieurs fois de mains. Bien des années plus tard, Manuel retrouve la trace de Sea Lion, en Grèce, sur Internet et n’a de cesse d’en devenir le propriétaire, une démarche qui aboutit en 2008. Sea Lion part alors à Southampton, un périple de 3 000 milles, pour y subir plus qu’une restauration, une véritable reconstruction effectuée en 2 ans. Pour la Panerai Transat Classique 2012, l’équipage de 7 personnes sera multinational avec des Portugais, des Grecs, un Espagnol et une Ukrainienne. Pour Costa Lourandakas, ami de Manuel et habitué du bord, l’objectif est de rallier Cascais sans faire souffrir Sea Lion : « Nous ne pousserons pas le bateau à fond, mais nous comptons bien travailler la tactique pour faire un beau résultat. Et qui sait, peut-être gagner chez nous. Nos concurrents sont de très bons compétiteurs, mais on ne va pas leur rendre la vie facile. » À bon entendeur…

Un revenant attendu

Corto, le retour ! Il s’était déjà élancé pour la traversée lors de la première édition en 2008, mais avait dû renoncer au bout de 24 heures par manque de préparation. Après trois ans de chantier, ce coursier dessiné par Dick Carter en 1970 est bien décidé à briller lors de la Panerai Transat Classique 2012. Son propriétaire, Hacène Abbar, possède une belle expérience de la course au large sur des bateaux modernes avec des participations à la Transat Ag2r et à la Saint Nazaire-Dakar, et s‘entoure d’un équipage de régatiers motivés, dont son frère Malik, son fils Maxime et Louis, le skipper, habitué des Open 40. Pour Maxime, cette étape s’annonce un bon terrain d’entraînement pour valider les choix techniques lors de la restauration pour tirer le meilleur de Corto lors de la traversée de l’Atlantique. Avec un objectif clairement affiché : gagner !

Aujourd’hui à 16 h, les voiliers sortiront du port de Saint-Tropez pour rejoindre la ligne de départ dans l’attente du coup de canon qui les libèrera à 17 h. Les concurrents auront alors un peu plus de 48 heures pour franchir le golfe du Lion et profiter de conditions, a priori, plus faciles pour s’engager dans le détroit de Gibraltar et remonter le long des côtes portugaises vers Cascais. Une étape sans doute très animée avec de réelles options tactiques : le grand show de la Panerai Transat Classique 2012 réserve encore bien des surprises et des rebondissements.

Les concurrents au départ de Saint-Tropez (par ordre alphabétique) :

Nom Année Architecte Long. HT Gréement

  • Corto 1970 Dick Carter 13,00 m sloup
  • Sea Lion 1952 Abeking & Rasmussen ketch
  • The Blue Peter 1930 Alfred Mylne 19,65 m cotre
  • White Dolphin 1967 Beltrami 20,20 m yawl
  • Kriss 1983 Gilles Vaton 23,00 m sloup

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