Tour de table de Banque Populaire…
La préparation de l’avitaillement pour un tour du monde à la voile n’est pas une mission anecdotique. C’est 90 jours de nourriture, à raison de 3 à 4 repas quotidiens suivant des menus précisément établis, soit entre 115 et 130 kilos de denrées, conditionnées dans des sacs journaliers. Pour son deuxième Vendée Globe, Armel Le Cléac’h n’a pas négligé la question. Car bien se nourrir – suffisamment et en y prenant du plaisir – est un facteur de performance. Après lecture des menus, les critiques culinaires décerneraient certainement une étoile au monocoque 60 pieds Banque Populaire qui devrait faire partie des bonnes tables de ce Vendée Globe… A 30 jours du départ, tout semble prêt !
Lors de son premier tour du monde en solitaire, Armel Le Cléac’h, à court de nourriture, avait été contraint de se rationner pour terminer son périple. A l’arrivée, il avait perdu 8 kilos, avec toutes les conséquences physiologiques et psychologiques que cela entraîne. Cette fois, le skipper du Mono 60’ Banque Populaire s’est appliqué à prendre le dossier en main. Les menus ont été réalisés avec l’aide d’une diététicienne/nutritionniste (qui avait déjà œuvré pour le Maxi Banque Populaire V sur Trophée Jules Verne) en collaboration avec Sébastien Duclos, le responsable logistique de Banque Populaire, en charge (entre autres) de l’avitaillement. Au total, des semaines de tests et de travail pour arriver à combiner trois types de contraintes parfois antinomiques : l’apport calorique/énergétique journalier nécessaire, le goût, le respect du devis de poids.
Sébastien Duclos :
« Nous avons fait des tests de produits pendant toute la saison 2011/2012. Nous les avons goûtés en conditions réelles, en course, car il y a des plats qui passent bien à terre mais beaucoup moins bien sur l’eau. Par exemple, Armel n’est pas très « poisson » lorsqu’il est en mer. Ensuite, nous avons travaillé sur un modèle assez simple : nous avons reconstitué dans le temps la route du monocoque à l’échelle du globe en intégrant toutes les variables climatiques mais aussi de dureté de conditions de navigation. On sait qu’il y aura des périodes froides (départ, Grand Sud, retour en Atlantique Nord), des conditions de navigation hostiles qui nécessitent des apports énergétiques supérieurs à la « normale ». Nous avons des menus représentant entre 3500 et 6000 calories par jour. Nous travaillons sur l’apport énergétique mais aussi sur la quantité, sur l’aspect de satiété, car Armel est un bon mangeur. Au final, il y a assez de choix pour ne pas manger deux fois la même chose dans la même semaine. Eviter le phénomène de répétition est important, c’est un élément de plaisir ».
Lyophilisés, conserves et quelques gorgées de champagne
Les repas d’Armel sont constitués de plats lyophilisés variés (sous forme de sachets à réhydrater avec de l’eau chaude) et de conserves confectionnées par un traiteur de Nantes, conditionnées dans des sachets sous vide. Il a droit à 5 types de petits déjeuners différents. Des petits déjeuners froids (céréales diverses, lait, compote) ou chauds, plus consistants, type petit déjeuner anglais (haricots ou pommes de terre, œufs, bacon). Le déjeuner et le dîner sont constitués d’une entrée (sardines, rillettes, pâté etc.), d’un plat lyophilisé ou d’une conserve et d’un dessert. A 90%, ce sont des plats complets prêts à consommer avec viande, légumes et féculents. En dessert, des fruits (les salades de fruits lyophilisées sont paraît-il excellentes) et/ou un laitage. Quelques fruits frais seront embarqués aux Sables d’Olonne : pommes, bananes et pamplemousses, ces derniers pouvant être gardés pendant un mois.
Les types de pain (un par jour, sous vide) sont très variés avec six références différentes (de campagne, aux graines, à l’épeautre, aux fruits etc..). Un boulanger de Lorient lui prépare également du pain frais « double croûte » qui se conserve longtemps.
Entre les repas, il y a les fameux encas, à grignoter tout au long de la journée : fruits secs, soupes, graines, viande séchée, barres énergétiques, barres au sésame.
Côté condiments, Armel n’aimant pas la cuisine trop épicée, il se contente de sel, de poivre et d’huile d’olive. Pour les boissons, c’est café, Coca (le péché mignon d’Armel) et du sirop pour agrémenter le goût insipide de l’eau désalinisée.
Et puis, il y a les extras, à déguster pour les grandes occasions, au passage de l’Equateur, des trois caps et pour les fêtes. Un peu de vin rouge, donc, quelques petites bouteilles de champagne de 25 cl, du foie gras. Le menu de Noël est évidemment tenu secret !
Plus que 30 jours de bons petits gueuletons
Les 3 à 4 repas quotidiens sont rangés dans des sacs numérotés jour par jour, lesquels sont conditionnés dans des contenants hebdomadaires. Toute la nourriture doit être facilement ‘matossable’ (transportable d’un bord sur l’autre en fonction de l’amure du bateau). L’avitaillement du Vendée Globe sera déjà à bord du Mono 60’ Banque Populaire lorsqu’Armel convoiera son bateau, le 17 octobre, vers les Sables d’Olonne.
A partir d’aujourd’hui, il ne lui reste plus qu’un mois pour savourer, les pieds sous une table bien stable, un maximum de produits frais et de bons petits gueuletons …
Qu’est ce qu’un menu type à bord de Banque Populaire ?
Menu élaboré pour le 16 décembre, 37e jour de course, correspondant passage du cap de Bonne Espérance
- Petit déjeuner : Céréales aux chocolat + lait+ café+sucre
- Déjeuner : Poulet aigre-doux + riz, pamplemousse, pain
- Dîner : Braisé de porc, gâteau de riz, pain
- Ce jour-là, Armel peut s’octroyer un troisième repas lyophilisé : jambon+pommes de terre+œufs brouillés
- Encas : salade de fruits, croquants au sésame, palets bretons, nouilles chinoises
Dates à retenir :
- 17 octobre : Convoyage d’Armel entre Lorient et Les Sables d’Olonne. Arrivée le 18
Aux Sables d’Olonne :
- 19-23 octobre puis du 1er-10 novembre : Présence obligatoire sur le village
- 7 novembre à 10h : Point presse Banque Populaire avec Armel Le Cléac’h
- 10 novembre à 13h02 : Départ du Vendée Globe