Bernard Stamm et la course au temps
Dans un mois, l’ensemble de la flotte du Vendée Globe sera au pied de cet Everest de la voile, à quelques heures du grand départ. D’ici là, les semaines risquent de passer à une vitesse folle, rendant à chaque heure plus palpable cette pression d’un rendez-vous attendu depuis quatre ans. Ainsi, le planning de Bernard Stamm et son équipe va-t-il connaître un sérieux coup d’accélérateur. Derniers entraînements, dernières sessions météorologiques à Port-La-Forêt et derniers jours à Brest avant de gagner Les Sables d’Olonne. Autant de temps forts qui viennent concrétiser un engagement de tous les instants.
Débutés il y a quelques semaines, les stages d’entraînement du Pôle Finistère Course au Large en vue du tour du monde en solitaire ont pris fin la semaine dernière. Après plusieurs volets orchestrés dans des conditions relativement légères, c’est dans du vent fort que les futurs concurrents ont pu en découdre. Un exercice attendu de longue date par le skipper de Cheminées Poujoulat pour qui la confrontation avec les autres autant qu’avec un menu corsé était espéré. Bilan de l’opération : une belle satisfaction et des enseignements riches en vue de la grande boucle océanique : » C’est bien d’avoir eu ce type de conditions parce que c’est une configuration que nous n’avons pas beaucoup rencontrée dans nos navigations. Ca nous permet de voir que certaines manœuvres ne sont pas au point et que d’autres vont bien. Nous essayons de nouvelles combinaisons et plus nous essayons, mieux c’est ! »
L’insoutenable légèreté… du temps !
Rentré à Brest en fin de semaine dernière, Bernard Stamm s’apprête à aborder une nouvelle phase de sa préparation. Lundi 15 octobre, il quittera Brest, son port d’attache, pour rallier la Vendée et le port des Sables d’Olonne. Un convoyage lourd de sens qui marquera l’entrée officielle dans le parc fermé et le début de ce sentiment inexorable de voir le temps défiler… à toute vitesse : » Ca passe très vite ! Mais c’est le cas depuis un moment. On se dit qu’il y a encore plein de choses à faire, mais ça se termine. Plus on s’approche du départ, plus ça chauffe et plus ce qu’il y a à gérer est de l’ordre du détail. Il y a effectivement cette réalité du départ qui se précise, ne serait-ce qu’avec le fait de partir de chez soi, de faire son sac « .
Parer « raisonnablement » à toute éventualité
Si le Suisse aura bien sûr l’occasion de rentrer dans son Finistère d’adoption d’ici au 10 novembre, ce sera sans son bateau. Alors à l’heure de préparer ce départ, il faut penser à tout, ne rien oublier et souvent faire quelques concessions : » On va quitter notre port d’attache avec un bateau chargé le plus possible. En ce moment, on peaufine le matériel de rechange qu’on va embarquer. C’est un gros travail amorcé depuis un moment et qui prend fin ici. Il faut poser des limites, parce qu’en prenant tout on pourrait partir avec un deuxième bateau ! Il faut donc faire des choix et les bons. Imaginer ce dont on peut avoir besoin, faire un tour complet des ennuis possibles et imaginables. Une fois aux Sables d’Olonne, il n’y aura plus grand chose à faire sur le bateau, peut-être un peu d’électronique. Mais pour le reste ce sera de la logistique et surtout de la météo ! »
Dans un mois, Bernard Stamm enfilera définitivement son ciré de solitaire autour du monde. 30 jours pour passer d’un monde à l’autre.