Aquarelle.com emporte l’épreuve devant ERDF Des Pieds et des Mains
9h 09 mn 18s, c’est l’écart final entre le vainqueur de la Transat Jacques Vabre et son dauphin. Bien peu de choses, en somme, à l’échelle d’une traversée de l’océan Atlantique et ce, d’autant plus, que pour y parvenir les deux équipages ont choisi des options radicalement différentes.
Les premiers comme les deuxièmes le démontrent encore. Pour être performant, il faut savoir se faire plaisir. Des deux équipages, se dégage le même sentiment d’une véritable complicité qui unit les deux hommes, d’un partage équitable des tâches, d’une même philosophie de vie. A bord d’Aquarelle.com, Yannick Bestaven comme Eric Drouglazet insistent sur leur volonté commune de ne jamais forcer les limites, d’anticiper en permanence. En refusant de « se mettre dans le rouge », les deux hommes ont pu aller affronter le mauvais temps qui a régné sur la première semaine de course. C’est la même philosophie qui les a incité, alors qu’ils dom inaient la flotte, de ne pas tenter le diable sur la dernière dépression, la plus creuse, et de jouer la carte de la sécurité en plongeant au sud. Au final, c’est la victoire de la maturité et d’une navigation toute en finesse, pour deux hommes qu’on aurait peut-être tendance à cataloguer hâtivement comme des amateurs exclusifs de conditions musclées.
Option audacieuse, trajectoire calculée
La course de Damien Seguin et Yoann Richomme en est, en quelque sorte, son calque inversé. Refusant d’emblée d’aller affronter le plus gros du mauvais temps, l’équipage d’ERDF des Pieds et des Mains jouait la carte d’une option sud assez radicale, en passant largement dans l’est de l’archipel des Açores. Si celle-ci leur coûte la première place, elle leur a permis de se recaler, grâce à un recentrage d’une grande intelligence, dans le sud de l’archipel portugais, à une centaine de milles derrière Aquarelle.com. Dès lors, les deux hommes pouvaient choisir d’attaquer sans retenue pour ne pas se faire distancer par le leader d’une part, et préserver leur avantage sur les concurrents restés sur une option très nord, de l’autre.
Pour les deux équipages, cette Transat Jacques Vabre s’est avérée comme particulièrement sélective. Les uns comme les autres n’évaluent pas à plus de deux jours ces périodes de navigation idéales, dans un alizé modér é, quand le bateau glisse et que l’équipage savoure, en short et tee-shirt, les milles qui défilent sous l’étrave. Savoir s’apprécier, être à l’affut des petits éléments de la vie quotidienne qui améliorent la vie du bord sont, dans ces conditions, une des clés de la réussite. Les deux premiers tandems sur la ligne ont visiblement bien intégré cette notion-là.
Ils ont dit :
Eric Drouglazet, Yannick Bestaven (Aquarelle.com) : « il faut un peu de sagesse… »
Yannick Bestaven : « Notre expérien ce et notre sagesse ont fait qu’aux Açores, on a su plonger au sud pour éviter un quatrième front, ce que les Anglais n’ont pas fait – ils naviguaient très bien –. Ils ont cassé leur bateau et pas nous. La seule fois où on a perdu la première place, c’est quand on a dit stop, il faut arrêter de faire souffrir le bateau. C’est un peu de sagesse.
Je suis très content d’avoir navigué avec Eric, car il a beaucoup d’expérience maritime et de courses transatlantiques. J’avais toujours entendu dire que « Droug » c’est du gros dans la baston mais j’ai pu constater qu’il naviguait aussi en finesse et ça je tiens à le dire. Il sait anticiper les choses. »
Eric Drouglazet : « On n’avait jamais navigué ensemble avec Yannick, mais je savais qu’il avait de la bouteille et l’expérience du gros bateau, parce qu’il vient du Vendée. On sait que sur les Class40, les vitesses se rapprochent un peu plus du Figaro, mais l’anticipation des manœuvres ressemble à la conduite d’un 60pieds. C’est l’anticipation qui prime.
Pour la météo c’est pareil, Yannick est plus sur les fichiers, moi plus sur le feeling. On se complétait. Avec des méthodes différentes on arrivait aux mêmes conclusions. C’était plutôt sympa.
Yoann Richomme, Damien Seguin (ERDF Des Pieds et des Mains): « Une option assumée»
Damien Seguin : « D’emblée, on a choisi une route différente des autres en plongeant dans le sud. On avait vu un trou de souris dans lequel on pouvait passer sans perdre trop de terrain et ça s’est révélé payant. Avec Yoann, on avait aussi l’avantage d’avoir navigué ensemble depuis le début de saison, on s’est beaucoup entrainé, on avait une réelle confiance l’un dans l’autre.»
Yoann Richomme : « C’était une course dure. On n’a quitté le ciré et les bottes que l’espace de 48 heures. On se faisait rin cer en permanence, surtout sur ce bateau qui est assez mal protégé. En revanche, je ne suis pas certain qu’on ait maigri. On avait des petits plats préparés par un traiteur de Nantes ; même chez moi, je ne suis pas sûr d’avoir aussi bien mangé… »
Les positions des bateaux ce jeudi 24 novembre à 20h00 :
Class40
1 – Aquarelle.com (Yannick Bestaven – Eric Drouglazet) : arrivé le 24 novembre à 08h 59min 08sec
2 – ERDF Des Pieds et des Mains (Damien Seguin – Yoann Richomme) : arrivé le 24 novembre à 18h 08 min 26 sec
3 – 40 Degrees (Hannah Jenner – Jesse Naimark) : 195 milles de l’arrivée à 20h00
IMOCA
1 – Virbac-Paprec 3 (Jean-Pierre Dick – Jérémie Beyou) : arrivé le 18 novembre à 9h 15min et 34sec (Heure française)
2 – Hugo Boss (Alex Thomson – Guillermo Altadill) : arrivé le 19 novembre à 00h 20mn 00sec
3 – Banque Populaire (Armel Le Cléac’h – Christopher Pratt) : arrivé le 19 novembre à 6h 00mn et 23sec
4 – Macif (François Gabart – Sébastien COL) : arrivé le 19 novembre à 7h 50min 12sec
5 – Groupe Bel (Kito De Pavant – Yann Régniau) : arrivé le 19 novembre à 9h 04min 32sec
6 – Safran (Marc Guillemot – Yann Eliès) : arrivé le 19 novembre à 10h 27min 52sec
7 – Bureau Vallée (Louis Burton – Nelson Burton) : arrivé le 20 novembre à 07h 45min 40sec
8 – Mirabaud (Dominique Wavre – Michèle Paret) : arrivé le 20 novembre à 10h 39min 26sec
9 – Gamesa (Mike Golding – Bruno Dubois) : arrivé le 20 novembre à 12h 42min 10sec
Multi50
1 – Actual (Yves Le Blevec – Samuel Manuard) : arrivé le 20 novembre à 08h 07min 43sec
2 – Maître Jacques (Loïc Fequet – Loïc Escoffier) : arrivé le 21 novembre à 13h 10min 30sec