Douce entrée en matière
Fidèles à la tradition des Voiles de Saint-Tropez, ce sont les voiliers Modernes qui ont lancé la longue et belle semaine de régates tant attendue. 161 voiliers ont sagement patienté sous un ciel des plus changeants, chargé de nuages aux allures tantôt menaçantes, tantôt cotonneuses sous un soleil impatient de percer et de redonner au golfe ses atours estivaux. L’opiniâtreté du comité de course payait peu après 15 heures quand à la faveur d’un léger flux d’est, le premier groupe, celui des « petits » IRC E pouvait s’élancer pour un aller-retour dans l’axe du golfe, long de 4,6 milles sur une mer parfaitement lisse. Ils étaient bientôt suivis et à 5 minutes d’intervalle des quatre autres groupes, les grands IRC A qui compte quelques-uns des plus rapides Maxi yachts prototypes au monde fermant la marche.
Modernes : la prime à la légèreté
Les voiliers Modernes s’accommodent décidément de tout, et les quelques 5 à 6 nœuds d’un vent à l’humeur alternative leur ont suffi pour entrer dans le vif de ce Millésime 2012 des Voiles. Un petit parcours aller et retour depuis la tour du Portalet jusqu’à une marque mouillée en bordure du golfe leur était proposé, prétexte à lancer la fête de sportive manière, en habillant le petit port Varois de centaine de spis multicolores sous le soleil lors du retour au portatif. Une manche qui favorisait à l’évidence les unités les plus légères, capable de se déhaler au moindre souffle d’air, à l’instar du tout nouveau monotype Australien Mac Conaghy 38 Raffale qui brillait chez les IRC C. Les grandes cathédrales de toile qui coiffent les grands Maxis faisaient merveille, aspirant l’air loi au dessus es flots, et c’est sans surprise que le grand spi fluo du Proto Judel/Vrolijk Jethou venait en premier saluer le Portalet. Leopard 3 lui emboîtait le pas dans le même tempo d’un dernier empannage toujours crucial à quelques encablures de la ligne. Firefly et sa fine étrave inspirée des Classe J de la belle époque rappelait à chacun qu’il est surtout taillé pour la vitesse. Il pointe ce soir déjà à la seconde place du général provisoire, devant le swan 601 américain Stark raving Mad. Les 52 pieds se sont eux aussi joués avec bonheur des pièges du jour et le très tonique TP 52 Spirit of Malouin IV a livré un joli pas de deux au Ker 53 Dralion. C’est, rating oblige, le GP 42 Team Vision Future qui les coiffe au générale.
Les Wally pour un « run »
Même régime « pétoleux » au large de Pampelonne, zone traditionnellement investie par les grands et futuristes Wally. 10 d’entre eux régatent aux Voiles, et ont dû composer avec les petits airs instables du jour. Un départ pour un « run » entre deux bouées leur fut proposé peu après 15 heures, sur un parcours face au faible vent d’Est d’un peu plus de 2 milles de longueur. De quoi amuser les tacticiens dont le sens du placement et la lecture du plan d’eau n’est jamais autant sollicité que dans le petit temps…
Demain les Classiques
Les yachts Classiques si attendus du nombreux public qui aime à se masser môle d’Estienne d’Orves entrent en lice demain mardi. Toutes les « stars » sont là, et on ne sait vraiment par quel nom de légende commencer ; annonçons alors la lutte fratricide entre 4 « sisterships » centenaires, les fameux 15 mJI signé du génial William Fife, en lutte pour un véritable championnat. Mariska au Suisse Christian Niels, fort de ses succès en Italie, semble dominer Tuiga, The Lady Ann et Hispania. Mais gagner à Saint-Tropez relève d’un tel prestige que chaque équipage va mettre un point d’honneur à briller à l’ombre de la Cité du Bailli. Ces quatre cotres auriques auront leur propre signal de départ, dissocié des autres grands Classiques. Cet affrontement haut en couleur et éminemment spectaculaire est sans aucun doute l’un des temps forts de la semaine. Et dans ce registre de l’exceptionnel, on pense aussi à la journée des défis, jeudi prochain 4 octobre, qui verra ainsi le 19 M JI Mariquita (Fife 1910) défendre son titre glâné il y a deux ans face à Cambria (Fife 1928). Un duel hors norme puisque c’est Altaïr (Fife 1931) qui lui est opposé. En effet, la rencontre programmée l’an dernier n’ayant pas pu arriver à son terme faute de vent, les capitaines ont décidé de la reconduire cette année dans le plus pur esprit chevaleresque. La régate se dispute sans handicap, en temps réel, avec un départ à 12 heures devant le Portalet.
Les « mordus » des Voiles retrouveront avec plaisir les inimitables et formidables silhouettes des grandes goélettes auriques, Elena (Herreshoff 1910) et Sunshine (Fife 2006), du grand côtre Bermudien Cambria, de son alter ego aurique Mariquita (Fife 1911), et des grands ketches auriques comme Thendara, ou Bermudien comme The Blue Peter (Mylne 1930) ou White Dolphin (Beltrami 1967). On s’émerveillera aussi aux évolutions tout en finesse des merveilles de voiliers auriques ou Bermudiens de taille plus modeste, à l’image du vénérable et si véloce cotre aurique Nan of Fife (1896), Lulu, lancé en 1897 et classé Monument Historique ou Oriole (Herreshoff 1905). On observera aussi avec un brin de nostalgie les 5 Pen Duick menés par le premier du nom, dessiné par William Fife et lancé en 1898. Le titre de doyen revient à Partridge, cotre aurique reconnaissable à sa coque noir et lancé… en 1885.
A noter que 17 Tofinou, de 9,50 m et 12 mètres navigueront sous leur propre flamme sur le parcours des yachts classiques. Ils croiseront 4 « Code 0 », le joli day-boat aux allures rétro créé par Yves Parlier
Ils ont dit :
Nicolas Lunven, vainqueur de La Solitaire du Figaro 2009, équipier sur « Raffale »
« Je connais un peu les Voiles pour y avoir participé une fois il y a 10 ans. Ce qui me plait dans la voile, c’est de multiplier les expériences sur des supports différents. La saison Figaro vient de se terminer et j’ai l’opportunité de participer aux Voiles ; l’occasion de venir naviguer sur de jolis bateaux, en équipage, et de rencontrer de nouvelles personnes qu’on ne voit pas forcément sur nos circuits « Bretons-Bretonnants ». Je navigue sur un bateau très « fun », « nommé Raffale, que l’on découvre, un MacConaghy 38, bateau australien, looké TP52 mais plus facile à mener et très rapide. On va le découvrir cette semaine. Ce qui est sympa ici, c’est la convivialité et la découverte de tous ces beaux bateaux. Le mot d’ordre ici est le plaisir. Il faut savoir entretenir ce plaisir en découvrant de nouveaux supports. C’est aussi pour cela que je fais ce métier. On s’amuse et on entretient la flamme, l’envie. C’est un monde de passionnés, et ils sont peut-être un peu plus passionnés encore à Saint-Tropez. J’ai navigué à Imperia sur Mariska, un 15 m JI Classique. C’est encore un degré supérieur dans la passion des bateaux. Le maniement de cette machine est complexe, avec une vingtaine de marins à bord. tout est compliqué, voiles lourdes, pas de winches… mais quelle beauté! J’ai fait des photos! (Rires) On a navigué avec trois autres 15 m JI et c’était magique. Je viens de clore une saison complexe en Figaro. Je termine troisième du championnat de France en solitaire. Je perds le championnat sur la dernière épreuve en Med. Mais Morgan Lagravière et Erwan Tabarly étaient un cran au dessus sur la Med Race. Je n’ai pas de regrets à avoir car clairement le championnat n’était pas pour moi cette année. Il y a beaucoup de marins qui aimeraient être à ma place. Je fais 3ème de la Solitaire et mon bilan de l’année n’est pas mauvais. En parallèle, mon programme en J80 s’est bien déroulé avec à la clé que des podiums. La saison 2012 est satisfaisante. Je ne regrette pas d’avoir fait l’impasse sur la Transat AG2R. Le J80 m’a beaucoup aidé à progresser dans certaines phases sportives. Je n’ai pas de grandes victoires cette année mais que des places d’honneur. Avec, qui sait, peut-être une victoire aux Voiles… »
Yachts extraordinaires :
Un recordman de l’Atlantique aux Voiles…
Il est un habitué des Voiles, où il triomphe régulièrement en temps réel, avant de disparaître dans les profondeurs des classements une fois son pénalisant rating lui est appliqué. Leopard 3, ou Icap Leopard 3 est un monstre dans toutes les acceptations positives du terme, monstre de technologie, monstre de puissance et de vitesse. Des spécificités qui ont brillé lors de tous les grands rendez vous Maxi de la planète. Le plan Farr et ses 30 mètres de carbone ont ainsi pulvérisé en 2008 le record de la traversée de l’Atlantique à près de 16 noeuds d moyenne. Leopard 3 va retrouver au large d ela Nioulargue nombre de Maxis de plus de 30 mètres, tous plus ou moins typés course ou croisière et bien déterminés à lui compliquer course après course la tâche. On pense naturellement à Jethou, le plan Judel/Vrolijk qui brille chaque année à Saint-Tropez, les J Class Velsheda et Shamrock V, l’armada des Swan de 60 à 100 pieds, et les superbes Maxi yachts Sojana, Highland Breeze ou Firefly…
Résultats de la Coupe d’Automne du Yacht Club de France
Temps compensé après Jury
Groupe Epoque Aurique
- Duet –Don Wood
- Runa IV – Louis Mauffret
- Nan of Fife – Philippe Menhinick
Groupe Classique
- White Dolphin – Yann delplace
- Maria Giovanna 2 – Jean Pierre sauvan
- Encounter – Bart Weouver
Epoque Marconi de moins de 16,5 M
- White Wings –
- Jalina
- Mercury
Groupe Epoque Marconi de plus de 16,5 m
- Rowdy – Sandra Ugolini
- Argyll – Alexis Bordessoule
- Nagaina – David Costes
12 MJ
- Ikra – Sébastien Destremau
- Seven Seas of Porto – Marcus Kemp
- Sovereign –
Esprit de tradition
- Nada – Marcus Fitzgerald
- Choices Beat Kuehni
- Sea Lion – Manuel Champilanauo
8 MJ
- Helen – Jeffrey Ventre
- France – Bruno Fauroux
- Aile VI – Alain Ferri