FONCIA conforte son leadership
En l’espace de six heures, les cinq MOD70 ont pris possession de leur place au ponton dans le port du Roucas Blanc de Marseille. Les équipages, exténués après ces 12 dernières heures de navigation à la limite de l’enfournement, sont partis dormir en attendant la remise des prix ce soir à 19 heures. Au classement général, c’est le temps des bilans. Michel Desjoyeaux et son groupe confortent leur pole position avec 8 points d’avance sur Spindrift Racing tandis que le vainqueur du jour Musandam-Oman Sail grimpe sur la 3e marche.
Cette 4e étape a été celle de tous les extrêmes. C’est celle des plus grands écarts enregistrés à l’arrivée entre les bateaux. Ce fut la plus longue en temps, mais aussi la plus contrastée en terme de météo. Les 60 premières heures de pétole ont été balayées par un finish musclé dans 30 nœuds de sud-est. Pendant la dernière nuit de course, les équipages ont pour la première fois de cet European Tour enregistré de très hautes vitesses (plus de 30 nœuds moyens pour certains) et testé, au gré de quelques beaux enfournements, le comportement et la solidité de leur monture.
Aujourd’hui, le quatre cinquièmes des étapes et les trois quarts des City Races sont dans les sillages. 79% des points ont déjà été distribués et pourtant, rien n’est encore définitif dans la hiérarchie. FONCIA a gagné deux points supplémentaires et enfonce le clou en tête du classement général avec 8 points d’avance sur Spindrift racing. Mais leur marge n’est pas suffisante pour se mettre définitivement à l’abri d’une dernière estocade de Yann Guichard et ses hommes. Les Omanais, héros du jour, ont gagné deux places au classement général au détriment de Groupe Edmond de Rothschild. Musandam-Oman Sail se hisse donc en troisième position, à égalité de point avec… Race for Water. Il faudra attendre les City Races de Marseille (vendredi et samedi) et le résultat de la 5e et dernière étape à Gênes pour départager tout ce petit monde…
Ils ont dit :
Sidney Gavignet, Musandam-Oman Sail
« Je suis content…content. Ce n’est qu’une fois la ligne passée que je me suis dit que c’était bon, parce que pendant le dernier petit tour dans les cailloux au retour de Cassis, on a failli cabaner sous un gros nuage noir, dans une bouffe à 40 nœuds. On a tout choqué en grand et il s’en est fallu de peu. C’est beaucoup d’émotion parce qu’on ne se relâche pas beaucoup sur ces bestioles. C’est fatiguant, c’est usant. J’y croyais à cette victoire ! C’est un truc d’équipe, bravo à nous tous. Ça s’est joué au Portugal, au cap Saint Vincent. On a beaucoup progressé dans le petit temps. C’était une des clés sur cette étape pour s’extraire. On marchait bien et Jean François Cuzon a passé beaucoup beaucoup de temps à la table à carte, plus que dans la bannette ! L’équipage progresse. Fahad devient un bon équipier de large. On a une bonne délégation d’Oman qui vient ici et c’est un beau cadeau à faire à toute l’équipe. J’ai passé trois ans en sport études ici, à Marseille. C’est peut-être ça qui m’émeut tant : je repense à tout ce chemin parcouru… »
Stève Ravussin, skipper de Race for Water
« Ça a été du petit temps lémanique pendant longtemps ! On a l’habitude, en Suisse, on est né là-dedans. Le petit temps, ça fait partie du jeu. Heureusement, les multicoques, ça avance tout le temps. C’était une belle étape, il a fait beau, chaud, on a eu de belles nuits. Nous avons pris un départ pas trop mal. Mais Oman est revenu sur nous la première nuit. Ils nous sont passés juste dessous. Ensuite, ils se sont échappés. Foncia, en revanche, on le voyait régulièrement. Cette nuit, on a moins bien navigué qu’eux, ils nous ont repris pas mal de milles, jusqu’au dernier bord. Ce matin, ils étaient 200 mètres derrière nous. On a eu chaud… On les voyait arriver à fond derrière nous, on était 3 ris et ORC, on a dû renvoyer de la toile après, on était à 38 nœuds ! Mais on a pu garder cette deuxième place qui me plaît très bien. La dernière fois ils finissent devant, cette fois c’est nous. On espère gagner encore une place sur la prochaine étape. »
Michel Desjoyeaux, skipper de FONCIA
« Au début, on était déjà un peu tendu nerveusement dans la pétole… un peu de fatigue physique par dessus la fatigue nerveuse et voilà…on est cuits.
Cette nuit, on a fait autant de distance qu’on a pu faire les trois premiers jours dans la pétole ! Sur les dernières heures, nous étions à la bagarre avec Race for Water qu’on essayait d’accrocher. On s’est battu comme des diables. Hier après midi, ils avaient presque 20 milles d’avance sur nous. Et à la bouée Omega ce matin pour le dernier petit parcours au large des îles de Marseille, on était revenus à 1,5 milles. On a passé une nuit à fond la caisse avec des runs dans une mer pas facile … Je crois qu’on a fait une pointe à 38,4 nœuds !. On a bien cravaché ; on était bien positionnés, et c’était chaud. On a fait le premier planté du bateau. Xavier était à la barre, moi à l’écoute sous le vent, on a réussi à rester à l’endroit mais on était à l’attaque. Au final, on fait une bonne affaire au classement général. Les jeux ne sont pas encore faits, tout peut se faire entre les City Races et la dernière étape. Cela dit, on est du bon côté… »
Yann Guichard, Spindrift racing, 4e à Marseille
« Une étape pas facile, spécialement pour nous. On s’est vite fait décrocher au cap Saint Vincent. Après, c’est parti par devant et on n’a pas réussi à revenir. On a tenté des coups, mais ça n’a pas marché. C’était dur dans la pétole d’être derrière comme ça sans pouvoir faire grand chose. Sinon, j’espère que je ne me suis pas cassé de côtes. La dernière nuit, je dormais par terre, quand Pascal (Bidegorry) m’a fait un salto dessus. J’ai un peu le bras gauche en vrac aussi (peu après son arrivée au ponton, Yann est parti faire des examens médicaux, ndr). Au final, l’opération pour nous n’est ni bonne, ni mauvaise. Le match est encore serré avec FONCIA pour le classement général. Nous avons 8 points d’écart. Tout reste à faire sur la dernière étape mais aussi la dernière City Race qui sera très importante. L’objectif est de revenir à 4 points de FONCIA, comme ça, celui qui fera devant l’autre à Gênes aura gagné l’European Tour »
Sébastien Josse, Groupe Edmond de Rothschild, 5e de l’étape
« Etape compliquée, de tous les dangers. Un bateau est parti avec le vent au cap Saint Vincent dans un trou de souris et on ne l’a jamais revu. La flotte s’est étirée. A chaque pointage, on se prenait 30 milles dans les dents. Le plaisir est venu de la compétition à vue avec Spindrift. Quand on est côte à côte comme ça, on oublie un peu le classement. Mais c’est vrai qu’on a bouchonné presque 36 heures à moins d’un nœud… dans ces conditions, il faut s’ouvrir deux ou trois soupapes. C’est la deuxième étape où nous finissons 5e, alors ce n’est pas satisfaisant. C’est même décevant car nous avons les moyens de jouer. Nous n’avons pas pris les ascendants quand il fallait les prendre, on ne peut s’en prendre qu’à nous ».
Classement général provisoire après la 4e étape
1 FONCIA (FRA), Michel Desjoyeaux, FRA 225pts
2 Spindrift racing (EUR), Yann Guichard FRA 217pts
3 Musandam-Oman Sail (OMA), Sidney Gavignet FRA 193pts
4 Race for Water (SUI), Stève Ravussin, SUI 193pts
5 Groupe Edmond de Rothschild (FRA), Sébastien Josse, FRA 186pts
Classement de l’étape 4 (Cascais-Marseille)
1- Musandam Oman Sail arrivé à 7h11′ 34 » en 3j 16h 11′ 34 » à 11.35 nœuds
2-Race for Water arrivé à 09h39’41’’ sec en 3 j 18 h 39’41’’ à 11,04 nœuds
3- FONCIA arrivé à 09h57’06’’ en 3j 18h 57’6 ‘’à 11 nœuds
4- Spindrift racing arrivé à 12h 45′ 41 » en 3j 21h 45’ 41’’ à 10.68 nœuds Les temps de 5- 5- Groupe Edmond de Rothschild arrivé à 13h04′ 12 » en 3j 22h 4’ 12’’ à 10.64 nœuds