Une nuit au charbon
Depuis hier soir, les cinq MOD70 tricotent au portant au ras des côtes espagnoles. Mobilisés sur le pont, les équipages n’ont cessé de manœuvrer : pas moins d’une dizaine d’empannages pour passer le cap de Gata (au sud-est d’Almeria) dans un vent très changeant en force comme en direction. Une nuit au charbon. Pourtant, ces efforts nocturnes, payés au prix d’un beau déficit de sommeil, n’ont pas eu d’incidence sur le classement… au contraire.
Dans un message laissé sur la boîte vocale de l’organisation, Sidney Gavignet, au large de Cartagena, avouait être passé en l’espace de quelques heures de 24 nœuds à… moins de 10 et évoluer à présent dans un vent à nouveau faible (3 à 6 nœuds). A bord des grands trimarans, le doute s’installe à chaque ralentissement. Pourtant, la hiérarchie reste la même et les écarts ont même eu tendance à se creuser cette nuit. Musandam-Oman Sail bénéficie ce matin d’une belle marge de 60 milles sur Race for Water, lequel a également gagné ( 6 à 7 milles) sur son poursuivant FONCIA. A l’arrière, Spindrift racing et Groupe Edmond de Rothschild ont passé la barre des 100 milles de retard. Un record sur l’European Tour.
Sortir de ce monde de pétole
Au petit matin, le vent est toujours faible et très instable le long de l’Espagne. Mais le temps des incertitudes dans les petits airs méditerranéens ne sera bientôt qu’un souvenir. Cet après midi, le flux de sud-sud-est va s’installer progressivement et prendre du coffre à mesure que les bateaux progresseront vers les Baléares. Les vitesses devraient alors monter de deux crans et les monotypes débouler au portant en direction de l’arrivée (ETA à Marseille, lundi en début d’après-midi). Ce scénario risque fort d’avantager les leaders qui seront les premiers à toucher les premières risées de ce souffle salvateur.
Devant Cartagena, Sidney Gavignet décrivait un ciel de plus en plus nuageux, signe annonciateur d’un changement de régime météo…
Ils ont dit :
Sidney Gavignet, skipper de Musandam Oman Sail, dans un message laissé à la boîte vocale à 5 heures ce matin :
[quote]Nous sommes au niveau de Cartagena sous les nuages, ça va de 3 nœuds à 6 nœuds de vent, on n’avance pas très vite, mais on avance. Il y a quelques heures en arrière, on marchait encore à 24 nœuds, au passage du cap de Gata ! Jeff Cuzon, Fahad et Brian se reposent, je suis sur le pont avec Thomas qui barre et Kamis qui fait le reste. Tout va bien quand même. Nuit noire, des étoiles, des nuages, de plus en plus de nuages, en fait. On attend de sortir de ce monde de pétole ![/quote]
Steve Ravussin, skipper de Race for Water, à la vacation du matin :
[quote]On ne chôme, jamais, il y a eu beaucoup d’empannages pour passer le cap de Gata cette nuit dans des vents très changeants. C’était assez spécial, on pensait que FONCIA était revenu à côté de nous mais il semblerait qu’on ait pris un peu d’avance, donc tant mieux. Au passage du cap, il y avait beaucoup de variations d’angle et de force de vent. Franck (Cammas) nous a géré ça incroyablement bien. Parfois, quand on s’arrête, on pense qu’on a fait le mauvais choix… mais non, FONCIA a perdu plus que nous. Pour manœuvrer, tout le monde est sur le pont. Donc ça fait presque 48 heures qu’on ne dort pas, on se donne à fond quoi ! Oman a bien creusé depuis hier, mais rien n’est fini. Ils sont arrivés au bon moment par rapport à la brise thermique, ils ont eu un peu plus de vent, et là, ils sont avec un autre système météo que nous. Donc depuis ces trois dernières heures, ça fait un peu l’élastique.
On espère tous pouvoir aller dormir un moment, mais il y a encore deux jours de travail… ou plutôt 36 heures. On va arriver lundi.[/quote]