Après la fin des épreuves de voile des Jeux Paralympiques, à Weymouth, Damien Seguin a rejoint Londres où il a joué son rôle de porte drapeau auprès de la délégation. De retour en France depuis mardi, il avoue que cette fonction lui a permis de « mieux digérer » la déception d’une quatrième place sur les Jeux. Aujourd’hui, il envisage l’avenir entre son Class 40, qu’il va remettre à l’eau pour le championnat du monde de la classe, son 2.4 sur lequel il naviguera en Espagne, et quelques projets en cours avec notamment la construction d’un nouveau 40 pieds. C’est à bord de ce bateau, signé Thomas Tison, qu’il envisage de prendre le départ de la prochaine Route du Rhum, en 2014. Rencontre.

Interview de Damien Seguin :
Comment s’est passé ton retour en France ?
Ça a été assez dense, avec pas mal de sollicitations de la part des médias. Ça m’a permis de penser à autre chose qu’à mon résultat. Je ne sais pas encore quel bilan je vais tirer de ces Jeux Paralympiques mais tout ceci à rendu la pilule un peu plus facile à digérer. Ça permet de garder une note positive. J’ai pris beaucoup de plaisir à jouer ce rôle de porte drapeau et tout le monde a apprécié. Ça m’a permis d’avoir des échanges plus réguliers avec la FFH. J’espère que ce qui s’est passé entre la FFVoile et la FFH va continuer. Pour la voile, j’espère que l’on va faire évoluer le handivoile de haut niveau, notamment en termes d’image et de communication. Je sais que d’autres sports veulent suivre notre exemple et c’est une bonne chose même si ce ne sera pas simple partout.

Y a-t-il un effet « post Jeux » ?
Je suis moins à fond au niveau physique mais c’est surtout dans la tête. Je suis moins sur les dents que je ne l’étais avant les Jeux et je suis peut-être un peu plus sociable. Je suis moins à fond tout le temps comme je pouvais l’être, et peut-être même moins perfectionniste ! (rires).Quand tu es à cran comme on peut l’être avant une grosse compétition, ça rejaillit sur tous les domaines de la vie quotidienne.

Tu peux donc souffler un peu ?
Pas tant que ça ! Le planning reste très chargé. Je vais à l’Elysée lundi prochain, j’ai pas mal d’événements avec mon partenaire, ERDF, une réception avec mon club (le SNO Nantes), ce soir, des choses avec le Conseil Général, le Conseil Régional et des bilans avec les écoles qui m’ont suivi et soutenu. Tout ça prend pas mal de temps.

Et tu as prévu de naviguer ?
Oui, je vais participer au championnat du monde de Class 40 à La Rochelle (du 3 au 6). Même si ça reste un mondial, j’y vais pour me faire plaisir, sans objectif de résultat. Je veux surtout faire plaisir aux partenaires et aux gens qui ont été dans la boucle du projet à un moment ou à un autre. L’équipage sera notamment composé de Jonathan Lobert, médaillé de bronze à Londres, Thierry Poirey, mon coach, Rodrigue Cabaz, Anne-Claire Leberre et Jean-Jacques Dubois, c’est un équipage de cœur, certainement le plus sympa de ce mondial !
Je vais aussi reprendre le 2.4 avec une régate en Espagne. Ce sera ma première navigation sur mon bateau depuis les Jeux. Pour l’instant, je repars sur une nouvelle Préparation Olympique, je reste en Equipe de France, dans le système du haut niveau avec un programme 2013 – 2014 allégé.

Et en Class 40 ?
Je vise la Route du Rhum 2014. Mon partenaire ERDF souhaite continuer l’aventure, je cherche donc un autre partenaire pour compléter le projet. Cela représente, pour le nouveau partenaire 150 000 € par an sur deux ans qui me permettrait d’acquérir un nouveau bateau. L’autre option est d’optimiser le bateau qui m’a permis de terminer 2ème de la Transat Jacques Vabre. C’est une option que j’étudie actuellement.

Tu sais à quoi ressemblerais ce nouveau bateau ?
Je travaille depuis six mois avec un architecte. On a les plans, on sait dans quel chantier sera construit le bateau, il ne manque que l’accord de la banque ! L’architecte est Thomas Tison. C’est un choix original. J’ai été contacté par certains architectes reconnus mais je voulais mettre ma touche personnelle dans ce bateau et rester au cœur du projet. La rencontre avec Thomas s’est faite de manière inattendue. Il m’a contacté au printemps, on s’est rencontré plusieurs fois et on est sur la même longueur d’ondes. Il a travaillé dans de grands cabinets, il a des bases solides et il n’a aucun préjugé, c’est ce que j’aime. Quand je lui propose quelque chose, il ne dit jamais non d’emblée, il étudie toujours pour voir si ça peut marcher ou pas. C’est ce qui me donne envie de faire ce projet, c’est qu’il peut-être performant et innovant.

Et pour les voiles ?
C’est moi qui vais les dessiner, comme pour le 2.4. Ce sera fait avec une Voilerie, surement X Voiles, avec qui je travaille déjà. Sur les Jeux Paralympiques, quatre bateaux étaient équipés avec mes voiles et les coureurs en étaient très contents. Je suis le deuxième dessinateur de voiles derrière North Sails, c’est pas mal après un an d’existence !

Il y a le Class 40, le 2.4, tu as d’autres projets ?
Il y a peut-être un projet M34 (Tour de France à la Voile) qui verra de toute façon le jour à un moment donné car j’en ai très envie.

Source

Articles connexes