Après l’abandon ce matin du Class 40 « Lupi » et de « Mare » hier, ils ne sont plus que treize voiliers sur la Normandy Channel Race. Au dernier pointage, « Campagne de France », skippé par Halvard Mabire et Miranda Merron, est en tête de l’épreuve calvadosienne avec 0,2 milles d’avance sur les britanniques de « Concise 2 », 5,4 milles sur « Talanta » et 6,2 milles sur « Eole Génération GDF – Suez » de retour aux affaires en compagnie de « Solo ». Les navigateurs aborderont la mer celtique cette nuit et la flotte se regroupe toujours dans des conditions de « demoiselles ».

Vers un regroupement général ?

Même si cela n’a vraiment pas duré, l’information de la fin de nuit dernière et du début de la matinée, pour les concurrents de la Normandy Channel Race, était qu’ils avaient enfin touché de la pression dans leurs voiles. Il faut dire que depuis le départ dimanche de l’épreuve normande, les Class 40 et leurs pilotes composaient avec un vent quasi nul. Il était indécis hier matin en force et en direction pour la transmanche. Aux abonnés absents lors du contournement de l’île de Wight et le passage dans les eaux du Solent et jusqu’en début de soirée. Il daignait enfin pointer le bout de son nez ce matin tôt avec un bon flux de Nord-Ouest ce qui a permis au plateau 2012 de la NCR de filer à plus de huit nœuds au vent de travers vers le cap Lizard mais hélas, la bulle anticyclonique placée sur la route, n’a pas cessé de gonfler et en début d’après-midi devant Start Point, la pétole était déjà de retour !

Au classement général provisoire, quatre voiliers et leurs duos embarqués ont pris le dessus hier sur le reste de la flotte à la faveur d’une belle opération hier au large de Cowes, la Mecque anglaise de la voile. Avec un courant portant, « Phoenix Europe Express » des rochelais Yannick Bestaven et Julien Pulvé, « Talanta » de Eric Péron et Jean Galfione, champion Olympique à la perche 1996, « Campagne de France » des derniers vainqueurs de la Transat Québec Saint-Malo Halvard Mabire et Miranda Merron, et « Concise 2 » des jeunes surdoués Sam Goodchild, 22 ans, et Ned Collier Wakefield, 24 ans, se sont faits la malle, allongeant la foulée en grappillant plus de 15 milles sur le cinquième.

Mais, inexorablement, cet après-midi, en embuscade, et en prenant une option gagnante à terre, « Eole Génération – GDF Suez » de la redoutable paire composée de Sébastien Rogues, la fougue, et Dominic Vittet, la sagesse, « Solo » des norvégiens d’Oslo, revenaient jusqu’à chiper, pour les premiers cités, la quatrième place.

Un regroupement général de la flotte est en marche. Au programme ce mardi soir et la nuit prochaine : le cap Lizard, le début de la mer celtique et surtout toucher un flux de Nord-Nord-Est soufflant à plus de 15 nœuds pour la seule journée de demain…

La Manche fait recette

La Manche va ces prochaines heures connaitre une intense activité nautique et sportive. Aux 13 monocoques Class 40 en lutte aux abords de l’île de Wight avec courants et petits airs, vont venir se mêler, dans le cadre d’une toute autre épreuve, 5 grands trimarans de 70 pieds, appartenant à la classe des MOD70. Ces grands multicoques disputent depuis dimanche la première étape de leur tour de l’Europe (European Tour) et se dirigent vers Dublin, terme d’une longue étape débutée dimanche à Kiel en Allemagne. Ces voiliers légers et surpuissants s’accommodent sensiblement mieux du petit temps et il y a fort à parier qu’ils viendront mêler leurs grandes voiles à celles des Classe 40 en milieu de semaine du côté de Wolf Rock ou de la Mer Celtique.

L’œil de Thomas Ruyant, vainqueur de la Normandy Channel Race 2010 avec Tanguy Leglatin : « Les concurrents vont avoir un mercredi sympathique avec enfin du vent. Ils seront au près par 15 à 20 nœuds de Nord-Est. Le prochain moment important sera la transition entre ce vent de Nord-Est et le Sud avec un anticyclone qui gonfle par le Nord-Ouest. Cette transition sera importante pour le reste de la course et ensuite la descente vers Caen ».

Ils ont dit à la vacation de 12h00 :

Halvard Mabire, skipper du Class 40 « Campagne de France » :

« Nous vivons une superbe bagarre en avant de la flotte. C’est un match à quatre. Actuellement nous sommes bord à bord avec « Concise 2 » et nous sommes en train de naviguer dans une petite risée qui ne va certainement pas durer car le vent est très faible. A chaque fois que je passe Start Point, il n’y a pas de vent. Je propose de renommer ce lieu, Stop Point. Les gens pensent souvent que c’est la farniente lorsqu’il n’y a pas de vent. Au contraire, c’est beaucoup de travail. Là, je viens d’essayer de passer mes lattes de grand-voile suite à un virement. La Normandy Channel Race a pour particularité d’être une course à plusieurs passages à niveau, elle n’est jamais terminée. Nous pouvons imaginer voir revenir le reste de la flotte à tout moment ».

Sébastien Rogues, skipper du Class 40 « Eole Génération GDF – Suez » :

« Nous jouons à touche touche avec « Solo ». Nous nous parlons d’ailleurs de vive voix. Hier, nous avons viré avec trois mètres de fond dans le Solent. Hélas, nous sommes arrivés un peu tard dans le Solent et les leaders sont partis avant nous. Je suis content de découvrir cette zone de course réputée. En tout cas, Dominic Vittet est servi en terme de stratégie météo ».

Sam Goodchild, co-skipper du Class 40 « Concise 2 » :

« Nous n’avons pas de vent et il y a beaucoup de brume autour de nous. La course est difficile depuis le début. Nous sommes fatigués car nous n’avons pas beaucoup dormi. Nous sommes continuellement concentrés sur la marche du bateau ».

Yannick Bestaven, skipper du Class 40 « Phoenix Europe Express » :

« Quelle belle bagarre ! Nous essayons de gagner mètre par mètre car nous sommes dans la pétole. Nous n’avons pas trop mal marché depuis le début de la course ! Nous avons perdu en sortant du Solent mais nous sommes revenus ensuite dans le groupe de tête. Cela tourne dans tous les sens. Nous avançons à 0,9 nœuds ! Avec Julien, nous nous reposons régulièrement. Nous sommes en pleine forme ».

Simen Lovgren, co-skipper du Class 40 « Solo » :

« Nous venons de passer une nuit assez confuse au niveau du vent. Il change toujours de force et de direction. Il faut s’adapter sans cesse. Nous sommes heureux d’apprendre que nous revenons sur le groupe des quatre ».

Louis Duc, skipper du Class 40 « Avis Immobilier » :

« Nous avons mouillé sous l’île de Wight. Un mauvais choix car les concurrents qui se sont laissé dériver par le courant s’en sont mieux sortis. Les écarts se font et se défont. Samantha, qui est britannique, a très bien géré le courant dans le Solent. Elle avait amené de la documentation. Nous nous faisons de bons repas ».

Stéphane Le Diraison, skipper du Class 40 « Masai » :

« Depuis le départ, les conditions sont tordues. La course est loin d’être terminée. Nous avons encore de nombreux moments où nous pouvons revenir sur la tête de la flotte. Notre stratégie sera influencée par la décision de la direction de course dans la journée ».

Gérard Quenot, co-skipper du Class 40 « Obportus » :

« Le début de course a été très compliquée pour nous. C’est dur de jouer avec autant de courant. Nous avons notamment mouillé dans le Solent ».

Un jour, un équipage

Stéphane Le Diraison a la tête bien faite. Expert maritime dans la vie, Il vit sa passion du large avec beaucoup d’ardeur depuis de nombreuses années. C’est sur le circuit des Mini 6.50 que ce Boulonnais a été remarqué. Deuxième de la Transat 6.50 en série en 2007, quatrième en proto en 2009, vainqueur du Mini Fastnet 2009, Le Diraison est souvent en haut de l’affiche. Propriétaire d’un Pogo S2, il remportait l’année dernière les Sables – Horta. Ben Korner, néerlandais, est son co-skipper sur la Normandy Channel Race. Architecte navale dans la vie, Ben participe à sa première compétition en double et n’avait jamais mis les pieds sur un Class 40 avant le départ d’Ouistreham.

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