Les concurrents de la Normandy Channel Race vont parcourir 1000 milles, une boucle au départ et à l’arrivée de Caen. Le parcours de l’épreuve est un format qui plaît beaucoup aux skippers mais qui est très exigeant, jalonné de nombreuses difficultés. La flotte de la Normandy Channel Race va, dès demain, être confrontée à une dorsale anticyclonique, synonyme de peu de vent. Top départ à 17h00 après une parade entre Caen et Ouistreham menée par le Vulcain, le bateau de la Marine Nationale et le Belem.

La navigation en Manche n’a jamais été facile. Le courant fort, la mer souvent agitée, les effets potentiels de la côte escarpée normande sont de véritables obstacles. Puis la traversée au sens strict de la mer peut s’avérer difficile car les cargos et autres bateaux de pêche y sont souvent fortement présents. Direction dans un premier temps, les îles Saint-Marcouf, première porte de passage obligatoire de la Normandy Channel Race. Les concurrents devront dès le départ dimanche à 17h00 faire des choix surtout en fonction du courant et ne pas rater leur coup car cette première porte peut déjà laisser des traces, un vrai passage à niveau et les leaders pourront prendre une avance intéressante au classement ou lors des premiers pointages de la compétition.

Transmanche, le littoral n’est plus là mais une veille est primordiale. Attention ! Collision possible.

En approche de la Grande-Bretagne Sud, de nouvelles options pourront se dessiner toujours en fonction du courant et évidemment du vent. Le contournement de l’île de Wight, l’arrivée dans le Solent est un classique du genre, souvent redoutée des marins mais cette zone de course, chère aux yachtmans, recèle de multiples surprises hauturières. Evolution au ras des cailloux et des rochers anglais, la flotte se sera probablement étirée, certains seront au contact, d’autres auront choisi de faire cavalier seul. La Normandy Channel Race peut se jouer là.

Entrée dans la mer Celtique, changement de configuration, conditions plus hachées, destination l’Irlande, Tuskar Rock comme objectif, les duos seront, sans aucun doute, entrés complètement dans leur course, plus de mal de mer, passage des quarts sans soucis, réglages des voiles « aux petits oignons », concentration à la table à carte numérique.

Le Fastnet, rocher de légende et dernière grande ligne droite, au portant, au vent de travers ou au près selon la direction du vent, vers Guernesey, le raz Blanchard avant Cherbourg, la pointe du Cotentin, les vainqueurs sont attendus entre vendredi et dimanche prochain.

Ils ont dit :

Eric Péron, co-skipper du Class 40 « Talanta » :

“Je vais prendre demain le départ de ma deuxième Normandy Channel Race avec Jean Galfione. Nous sommes prêts malgré une arrivée tardive à Caen. Nous n’allons pas avoir beaucoup de vent au moins jusqu’à l’Irlande car une dorsale anticyclonique nous barre la route. Elle va s’installer dès demain. Nous allons bénéficier, tout de même, d’un léger flux de vent qui va nous permettre d’avancer et de quelques vents thermiques notamment le long des côtes anglaises. Ensuite dès jeudi, une dépression pointe le bout de son nez. Elle va, j’espère, nous pousser vers Guernesey. Pour demain, quasiment dès le départ, on sera confronté à une renverse du courant de face. Il y aura déjà du jeu dans un vent orienté au Nord-Ouest puis à l’Ouest. La Normandy Channel Race est, en quelque sorte, une grande étape de la Solitaire du Figaro mais en double ».

Marc Lepesqueux, skipper du Class 40 « Les Conquérants – Caen La Mer » :

« Notre voilier est assez à l’aise dans le petit temps. Cette Normandy Channel Race va se courir, au moins dans un premier temps, dans peu de vent. Il est possible que dès demain soir, nous soyons dans l’obligation de mouiller car les coefficients de marée sont forts (97). Les roches du Calvados puis les rochers du grand Caen, avant les îles Saint-Marcouf, seront un passage important, attention risque de talonnage ».

Nicolas Boidevézi, co-skipper du Class 40 « Mare » :

« La situation météo s’annonce un peu mieux qu’hier mais nous n’allons pas toucher beaucoup de vent. La stratégie va prendre le dessus sur la vitesse au sens pur. Le gros dossier va être notre positionnement sur l’eau en fonction des effets de site, de brise et des marées ».

Sylvie Viant, directrice de course :

« Si le vent est trop faible, il est possible que la direction de course, quand les Class 40 seront à la hauteur de Plymouth, prenne la décision de réduire et changer le parcours. Nous pouvons, par exemple, décider de demander aux compétiteurs de ne pas aller sur Tuskar Rock mais de se diriger directement vers le Fastnet ».

Halvard Mabire, skipper du Class 40 « Campagne de France » :

« Le phénomène des courants et des marées peuvent créer de gros « passages à niveau », sans oublier les casiers et autres bancs de sable. Il faut aborder cette course en Manche déterminé, mais humble. Il faut la vitesse, mais il faut aussi être intelligent, car à l’analyse ultrafine de la météo, s’ajoute la surveillance de tous les instants des adversaires. Il va falloir savoir qui contrôler, au risque de laisser un énième larron tirer les marrons du feu…un peu l’ambiance Figaro. Ce sera passionnant de toute façon, avec du stress et de la fatigue. On connaît certes bien le parcours, mais on y a navigué avec de tout autre support qu’avec un 40 pieds et dans de nombreux cas, il sera bon de s’en souvenir, tant le tirant d’eau d’un Class40 est différent d’un IRC. Bien malin qui peut désigner un vainqueur. »

Un jour, un équipage

Catherine Pourre est dirigeante d’entreprise dans la vie. Grande amatrice de voiliers, elle s’est mis à la voile de compétition il y a peu en IRC d’abord et maintenant à bord du Class 40 vainqueur de la Route du Rhum 2010. Elle fait équipe sur la NCR avec Goulven Royer, trinitain pur jus, professionnel de la voile, spécialiste de la voile en temps compensé notamment vainqueur de la Course des Trois îles 2012 et du Record SNSM 2010 en IRC, la jauge chère à l’union nautique de la course au large et au Royal Océan Racing Club.

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