Les bateaux de la Normandy Channel Race
Seize voiliers prendront dimanche à 17h00 au large d’Ouistreham le départ de la troisième édition de la Normandy Channel Race. Les bateaux de cette compétition normande, au départ et à l’arrivée de la ville de Caen (1000 milles), seront pilotés par deux marins et sont des Class 40. L’ensemble de la flotte est maintenant amarrée bassin Saint-Pierre grâce aux équipes du port de Caen – Ouistreham et du service des Phares et Balises.
Lancé en 2004 par une poignée de passionnés dont le circuit-navigateur et journaliste Patrice Carpentier, le skipper Michel Mirabel, Christian Bourroulec, patron du chantier Structures à Sainte-Marine ou encore Pascal Jamet, le Class 40 est né de la volonté de permettre à tout navigateur d’assouvir sa soif du grand large sans obligatoirement devoir passer par l’achat d’un bateau onéreux et purement voué à la compétition. Après plusieurs mois de réflexion, de longues tables rondes autour d’une règle de construction et de conception, la fameuse jauge, le Class 40 est né.
Long de 12,19 mètres, large de 4,50 mètres au maximum, un tirant d’eau de trois mètres, un tirant d’air de 19 mètres, un déplacement de 4500 kg, une surface de voilure allant au maximum à 115m2, une quille et un mât fixe, voici pour les grandes caractéristiques des Class 40 ce qui laisse un certain champ d’action pour les différents architectes. Car, très vite, ce format de bateaux connaît un large succès en France mais également à l’international, le Class 40 est le parfait compromis entre un Mini 6.50 et un monocoque de 60 pieds et il permet de naviguer en toute sécurité à travers l’atlantique, entre trois bouées et même autour du Monde. Les maîtres du dessin de voiliers se penchent alors rapidement sur ce cas, le Class 40 n’est pas un monotype mais un prototype qui deviendra ensuite pour quelques chantiers un voilier de série. Le chantier Structures donc lance le Pogo 40 désormais le Pogo 40 S2 sur des plans de Jean-Marie Finot, Jumbo Composites le Jumbo 40, Guillaume Verdier le Tyker 40, Akilaria basé en Tunisie, l’Akilaria 40 et maintenant RC 2 conçu par Marc Lombard, JPS Composites le Mach 40, un dessin Sam Manuard, dernière évolution des Class 40.
Au départ de la Normandy Channel Race, on retrouvera seize Class 40 répondant strictement à la jauge mais aux capacités différentes selon les allures, aux finitions distinctes… pour le plus grand plaisir des connaisseurs et évidemment des navigateurs qui sont souvent très impliqués dans la conception de leur voilier… Le Mach 40 « Mare » de l’allemand Jorg Riechers est un plan véloce qui a démontré beaucoup de qualité depuis le début de saison notamment lors de la Solidaire du Chocolat, victoire, les Pogo S2 d’Halvard Mabire, victoire sur la Transat Quebec Saint-Malo, et de Stéphane Le Diraison sont redoutables. A surveiller également les Akilaria RC 2 du britannique Ned Collier et de Marc Lepesqueux.
Un autre bateau, beaucoup plus ancien cette fois, sera à l’honneur lors de la Normandy Channel Race puisque le trois-mâts, le Belem, construit en 1896, exploité par la Fondation Belem et son mécène historique, les Caisses d’Epargne, rendra visite aux Class 40 en cette fin de semaine, il se présentera demain à 9h00 en rade de Caen.
Ils ont dit :
Halvard Mabire, cherbourgeois, vainqueur avec Miranda Merron de la dernière Transat Quebec Saint-Malo à bord de « Campagne de France » :
« Il y a une stabilité dans la jauge des Class 40 ce qui en fait une classe homogène. Les différences de vitesse, même si elles existent, ne sont pas énormes. Cela permet à tous d’imaginer acheter un Class 40 et d’être compétitif assez rapidement même avec un voilier de première génération. Le Mach 40 de Jorg Riechers a quelques plus notamment au reaching avec son étrave volumineuse mais il ne va pas réellement beaucoup plus vite. Notre Pogo S2 est certainement plus complet à toutes les allures. Nous l’avons récupéré avec une structure définie, son plan de pont et de coque. C’est surtout dans l’ergonomie intérieure que nous avons effectué des modifications et dans son plan de voilure. Les Akilaria RC 2 ont également des caractéristiques intéressantes tout comme le nouveau Kiwi 40 de Bruce Farr ou encore le nouveau plan Verdier. Globalement, c’est l’équipage qui fait la différence en trouvant un bon compromis sur l’eau entre la route à prendre et le meilleur angle pour glisser ».
Stéphane Le Diraison, boulonnais, vainqueur de la dernière les Sables – Horta, expert maritime dans la vie :
« La jauge Class 40 est bien pensée. Elle limite les matériaux et la technicité des bateaux. Elle impose un redressement maximal et on ne peut pas aller en dessous de 4500 kg en termes de poids. C’est un réel atout économique et cela permet d’avoir une flotte équilibrée en performance. Il est vrai que chaque Class 40 a ses spécificités mais il est clair que la différence sur l’eau est uniquement humaine. Sur la dernière Solidaire du Chocolat, je suis persuadé que Jorg Riechers en gardant sa belle trajectoire aurait remporté la course à bord de mon bateau, un Pogo 40 S2. C’est une bonne nouvelle. De plus, chaque skipper peut décliner son bateau, il y a encore un peu de marge. De mon côté, par exemple, j’ai reculé la quille et le mât ».
Un jour, un équipage
Halvard Mabire et Miranda Merron seront parmi les « stars » de la Normandy Channel Race. D’abord parce que Halvard est Bas-Normand mais aussi car Halvard et Miranda ont remporté, il y a trois semaines, la Transat Québec Saint-Malo à bord de leur Pogo 40 S2 « Campagne de France ». Duo en mer, couple dans la vie, Halvard et Miranda cumulent plus de 450 000 milles de navigation. Mabire a plus de 30 ans d’expérience dans la course au large. Il a navigué sur de nombreux supports allant du Mini 6.50 au monocoque de 60 pieds en passant par le Figaro Bénéteau et maintenant le Class 40. Il a notamment participé en tant que navigateur à deux courses autour du monde avec Eric Tabarly comme skipper, mais a eu aussi le privilège et la chance qu’Eric fasse partie de son équipage sur le 60′ « Ville de Cherbourg » avec lequel Halvard gagna de la Course de l’Europe en 1993. De son côté, la britannique Miranda Merron a débuté la voile à 9 ans à bord de l’International 14 de son père. Elle a notamment couru La Route du Rhum, la Transat Québec St Malo et la Volvo Ocean Race en tant que responsable de la navigation. Elle a gagné la Transat Jacques Vabre et la Course autour des Iles Britanniques. En 2009 elle était navigatrice sur le 60′ Aviva, avec un équipage féminin, et l’équipe a établi un nouveau record autour des Iles Britanniques, améliorant de plus de 16 heures l’ancien record toutes catégories en monocoque.