Elle a tout d’une grande
C’est donc David Genest (Bingo) qui aura clôturé les arrivées de cette deuxième étape. Le navigateur d’origine grenobloise, qui a monté son entreprise d’alpinisme de bâtiment en région parisienne, est assez emblématique de ce mélange des genres où les amateurs côtoient des régatiers ayant vocation à faire de la course au large leur métier. Mais surtout, cette édition 2012 aura montré combien Les Sables – Les Açores – Les Sables est devenue incontournable dans le calendrier de la classe Mini.
« Par moment, c’était plus dur que la Transat ». Cette réflexion, plusieurs concurrents, ayant déjà à leur actif une ou plusieurs Transat 6.50, l’ont partagée. Car Les Sables – Les Açores – Les Sables est loin d’être un faire-valoir au regard de l’incontournable traversée de l’océan Atlantique. La variété des systèmes météorologiques rencontrés, le rythme qu’imposent deux étapes de demi-fond, les choix stratégiques qu’il faut savoir faire, tout ceci contribue à faire de cet aller-retour entre la Vendée et Horta une course particulièrement exigeante.
Des vainqueurs qui ne doivent rien au hasard
Mais si une épreuve vaut par la qualité de son parcours, elle n’est rien sans un plateau à la hauteur de ses ambitions. Et de ce côté, l’édition 2012 a été servie. Des vainqueurs d’étape aux leaders du classement général, la course a révélé ou confirmé des talents certains. Hommage aux dames, il faut déjà saluer la performance de Justine Mettraux (TeamWork), brillante lauréate de la première étape en bateaux de série. La demoiselle a démontré tout au long d’un parcours au près éprouvant, qu’elle savait naviguer vite, qu’elle était d’une ténacité rare tout en faisant preuve d’une belle intelligence de course. Eprouvée par des incidents en chaine sur la deuxième étape où elle a dû changer de safran avant de perdre son spi maxi, elle n’a pu défendre ses chances au classement général. Mais Justine apprend vite et l’on peut d’ores et déjà la compter parmi les postulants à la victoire finale dans la prochaine Transat 2013. Toujours en série, Simon Koster (Go 4 It) a surpris par la solidité de sa navigation et sa capacité à mener son bateau au maximum. Superbe vainqueur de la deuxième étape, il peut regretter de n’avoir pas pu défendre ses chances après avoir été heurté par une baleine dans la première étape. Aymeric Belloir (Tout le Monde Chante contre le Cancer) toujours aux avant-postes, exemplaire de régularité a su construire sa victoire avec méthode, même s’il laisse à chaque fois le prestige de la victoire d’étape à l’un de ses adversaires.
En prototype, la bagarre fut aussi très belle entre un Aymeric Chappellier qui a su mener sa Tortue de l’Aquarium La Rochelle avec une grande intelligence. Issu de la voile olympique, Aymeric a su faire la synthèse entre son vécu de régatier de haut niveau et les adaptations nécessaires que demande la course au large sur un bateau de 6,50m sans autres informations extérieures que celles fournies par la direction de course par l’intermédiaire de la BLU. Enfin, le tempérament de Nicolas Boidevezi a été justement récompensé et offre au skipper de Fondation Terrevent.org, sa première grande victoire dans une étape hauturière en solitaire.
Un plateau relevé, des histoires
Pour avoir de beaux vainqueurs, il faut aussi une concurrence de qualité. En prototype, Milan Kolacek (Follow me) a, par deux fois à l’aller comme au retour, mené la flotte avant se laisser griller la politesse dans des choix stratégiques inadaptés. Mais le Tchèque reste une valeur sûre et surtout, il va très vite. Giancarlo Pedote (Prysmian), s’il a trouvé les manettes de son prototype, vainqueur de la dernière Transat 6.50, aux allures de près doit encore se familiariser avec la bête aux allures portantes dans du vent fort. En série, les performances de Ian Lipinski (Althing), Jonas Gerckens (Elect-Râ) ou Clément Bouyssou (Groupe Accueil Négoce) montrent combien la concurrence est relevée.
Il faudrait aussi parler de tous ceux qui n’ont pas toujours été aux avant-postes, mais qui ont contribué à faire le sel de la course. Damien Cloarec (Damien Cloarec cherche sponsors) venait en observateur attentif pour se familiariser avec le monde du Mini. Il a adoré, malgré de nombreux soucis techniques et, comble de bonheur, pourrait avoir trouvé un partenaire pour la saison 2013. D’autres encore ont découvert pourquoi ce monde est si attachant. Damien Audrain (Stered Lostek) en était à sa première course en solitaire : il a eu la chance de se battre pour la troisième place en bateau de série tout au long de la deuxième étape et n’en revient toujours pas du plaisir qu’il a pris. Etienne Bertrand (Chasseur de Primes) n’avait pas prévu de prendre le départ. Mais le navigateur à qui il avait prévu de louer son bateau n’ayant pas trouvé de budget, il a finalement décidé de s’aligner. Il avait un compte à régler avec cette course qu’il avait dû abandonner en 2008. Mission accomplie sur un des plus jolis bateaux de la flotte qu’Etienne a décidé de vendre. A cinquante ans passés, il a finalement considéré qu’il est des jeux qu’il faut savoir laisser aux plus jeunes.
L’arrivée de David Genest a été saluée comme il se doit par l’ensemble des concurrents venus sur le ponton. Une manière de témoigner que, premiers ou derniers, l’aventure fut belle et qu’elle se doit de perdurer dans l’avenir. Alors, vivement 2014.
Décisions du jury
Yoann Tricault (686 C-Possible) s’est vu redresser son temps de 50mn sur la deuxième étape. Sa balise ne fonctionnant pas, il avait dû s’arrêter pour attendre un bateau accompagnateur et changer de balise de positionnement.
Romain Mouchel (342 Adrénaline) a été pénalisé de trois heures pour défaut de présentation de son livre de bord à l’issue de la deuxième étape.