La bulle anticyclonique a engendré un joyeux bazar dans les trajectoires des concurrents. Outre le coup de frein, chacun essaye d’avoir sa stratégie personnelle pour sortir du guêpier, subtil mélange entre vision tactique à moyen terme et opportunisme pour saisir les quelques risées qui émaillent le plan d’eau. Certains jouent au nord, d’autres partent au sud quand bien même ils auraient voulu monter en latitude. Personne ne fait vraiment ce qu’il veut, l’essentiel étant de sortir au plus vite de la bulle.

C’est le grand beau sur l’océan à l’approche des Açores où l’anticyclone, pour une fois, se montre fidèle à son image. Vents faibles, variables, et longue houle sont les ingrédients avec lesquels doivent composer les navigateurs. Ce genre de situation, souvent appréciée des équipages de croisière, après plusieurs jours de près dans du médium fort, est paradoxalement le drame des coureurs du large. Il faut traquer la moindre risée, rester concentré à l’extrême sur la marche du bateau, se protéger du soleil, garder l’esprit frais malgré un déficit de sommeil qu’on est en train d’aggraver. Car les milles que l’on peut gagner là comptent souvent double, voire triple. Justine Mettraux est en train d’en faire la démonstration. Arrêtée la première par la bulle anticyclonique, elle comptait alors un peu moins de vingt milles d’avance sur le peloton. Elle a su s’extirper au plus vite en conservant toujours un petit poil de vitesse et au classement de 16h, elle file de nouveau à bonne vitesse vers Horta et compte déjà trente milles d’avance sur des poursuivants toujours plantés dans la molle. A ce tarif, elle pourrait bien disposer d’un matelas d’une quarantaine de milles dès ce soir et, sauf surprise majeure, prendrait une option quasi certaine sur la première étape.

Gardez vous à droite, gardez vous à gauche

En proto, le quatuor d’hier semble bien s’être transformé en trio. L’option sud de Nicolas Boidevezi (Fondation terrevent.org) ne lui a pas rapporté grand chose, six milles en vingt-quatre heures. A 176 milles de l’arrivée, Nicolas possède près de quarante milles de retard sur Milan Kolacek (Follow Me) ce qui signifie qu’en moyenne, il devrait être plus rapide de 25% jusqu’à Horta pour espérer rivaliser. La logique mathématique ne plaide pas forcément en sa faveur, même si l’on sait que la navigation dans les petits airs aime parfois prendre des libertés avec les lois de la statistique.
En revanche, entre les trois rescapés des aléas du classement, rien n’est joué. Aymeric Chappellier (La Tortue de l’Aquarium La Rochelle) et Giancarlo Pedote (Prysmian) prennent en tenaille le leader à moins de 15 milles. Difficile pour Milan Kolacek de contrôler deux adversaires qui ont décidé de conserver leur décalage.

Compte à rebours ou métaphores épicuriennes

Derrière les leaders, tous les solitaires sont entrés à leur tour dans la bulle anticyclonique qui barrait la route. Autant pour la tête de flotte, la situation génère un stress évident, autant pour les autres, c’est l’impatience qui doit dominer. La course commence à être longue et les attardés doivent commencer à compter les jours d’escale qui leur seront alloués. Quand on possède une centaine de milles de retard sur la tête de la course, on sait qu’on n’ira pas jouer sur cette étape-là. Il faut alors une sacrée dose de philosophie pour goûter pleinement le plaisir d’être en mer dans des conditions presque idylliques. Alors, on commence à compter les milles, à faire les conversions en heures de course… Et pourtant. La meilleure des solutions c’est de savoir rester dans sa bulle, profiter du moment présent, rester concentré. « Carpe Diem » disait le poète. « Plus facile à dire qu’à faire, on aimerait t’y voir » auraient tendance à répondre, énervés, certains concurrents qui aimeraient bien rallier Horta au plus vite et pouvoir remettre mentalement les compteurs à zéro avant la deuxième étape.

Classement au 6 août à 16h (TU+2)

Prototypes :

  1. Follow Me – Milan Kolacek, à 176,8 milles de l’arrivée
  2. La Tortue de l’Aquarium La Rochelle – Aymeric Chappellier à 10 milles
  3. Prysmian – Giancarlo Pedote, à 15 milles
  4. Fondation terrevent.org – Nicolas Boidevezi, à 40,7 milles
  5. benoitmarie.com – Benoît Marie, à 64,1 milles

Série :

  1. Team Work – Justine Mettraux, à 272,1 milles de l’arrivée
  2. Tout le Monde Chante contre le Cancer – Aymeric Belloir, à 29,9 milles
  3. Althing – Ian Lipinski, à 30 milles
  4. Elect-Râ – Jonas Gerkens à 35,8 milles
  5. Groupe Accueil Négoce – Clément Bouyssou, à 36,9 milles

Source

Articles connexes