Dernière ligne droite, dernier sprint, dernier morceau de bravoure pour Erwan Le Roux et ses trois hommes d’équipage Yvon Cardinal, Mathieu Souben et Antoine Carpentier qui ont enroulé à l’aube (5h15 FR – 23h15 QC) la dernière marque de parcours sur la route des multicoques de la classe Open dans cette Transat Québec Saint-Malo express. A 320 milles de l’arrivée, le grand trimaran Multi50 est attendu demain matin mercredi sous les remparts de la ville corsaire. Sauf anicroche toujours possible dans un sport de voile ô combien mécanique, Le Roux va s’adjuger de belle manière cette 8ème édition de la grande classique entre le Québec et la Bretagne, en explosant littéralement le record de l’épreuve détenu depuis 2008 par Franck-Yves Escoffier en 11 jours, 3 heures, et 19 minutes. Il devrait en effet franchir la ligne d’arrivée mouillée devant Dinard avant jeudi 2 août à 20h54min14 sec FR. Le Roux et ses hommes sont dans leur effort aiguillonnés par l’arrivée dans leur tableau arrière d’une dépression très sévère qui cavale vers la mer d’Irlande. Le coin va devenir malsain pour les multicoques et il va y avoir urgence à glisser sous la pointe de la Cornouaille anglaise. Les deux autres protagonistes de la classe en multicoques qui cravachent loin dans son tableau arrière, Vers un Monde sans Sida d’Erik Nigon et Défi Saint-Malo Agglo de Gilles Lamiré vont être confrontés à des vents de 30 nœuds et plus tournant au sud-sud-ouest, soit une allure guère confortable une fois le Fastnet paré. A noter le retour fracassant de Gilles Lamiré pointé ce matin à 4 petits milles d’Erik Nigon.

Les Class40 poursuivent leur formidable galop atlantique sur l’arrière de cette même dépression évoquée plus haut. Le vent est au nord-nord-ouest, pour 20 à 25 nœuds très toniques. Les trajectoires s’affinent selon la capacité des bateaux à tenir la voile du temps. Nombre de grands spinnackers ont, après 2 000 milles d’une course d’une rare intensité, rendu l’âme et les gains efficaces vers Saint-Malo s’en ressentent chez certains. Tous sont cependant à l’attaque comme en attestent les chiffres de la nuit. « Ca sent l’écurie (mouillée) » témoigne Arnaud Boissières à bord de Groupe Picoty et les conditions se prêtent à lâcher en toute sécurité les chevaux. Les étonnants Class40 tutoient ainsi les 300 milles parcourus chaque 24 heures, à l’instar d’un Jörg Riechers obstiné en diable et qui malgré un grand spinnacker en dentelle vient de nouveau se rappeler au bon souvenir du leader Halvard Mabire en recollant à moins de 25 milles du tableau arrière de Campagne de France, soit un gain de 33 milles en 24 heures, à conditions similaires s’il vous plait. Et Dieu sait qu’Halvard épaulé par Miranda Merron et Christian Bouroullec n’amuse pas la galerie, titillé par un Sébastien Rogues (Generation Eole – GDF SUEZ) qui sent lui aussi, à 1 000 milles de l’arrivée, la victoire à sa portée. Fabrice Amedeo (Geodis) est revenu à 41 milles. Rien, non rien n’est décidément joué dans cette classe où 10 bateaux, du 5ème Thierry Bouchard (Comiris-Elior) à Christophe Coatnoan (Partouche) se tiennent en 50 milles !

Le vent va assez rapidement tourner à l’ouest pour les leaders, tout en conservant sa pression. La course de vitesse va se poursuivre toute la journée à la recherche des angles de vent les plus efficaces sur la route, en jouant sur les bonnes combinaisons de voilure. Du boulot, des embruns, de la vitesse en perspective vers Saint-Malo et cette ligne d’arrivée si convoitée que les meilleurs pourraient franchir…. Samedi matin.

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