Le tenant du titre de la Tansat Québec Saint-Malo, le Normand Halvard Mabire, se rappelle ce matin aux bons souvenirs de ses adversaires. Batailleur et conquérant en diable, le skipper de Campagne de France s’est emparé cette nuit du commandement, reléguant le leader d’hier Stéphane Le Diraison sur IXBlue à plus de 52 milles. C’est bien au sud de la flotte que se trouvait la vérité, en avant du front froid de la dépression qui arrose copieusement les Class40 de ses pluies glaciales tout en les propulsant à vive allure dans la bonne direction. Campagne de France, avec Nestor, son pilote automatique et 4ème « homme » du bord en soutien efficace à Miranda Merron et Christian Bouroullec, aligne ces dernières heures d’ébouriffantes moyennes, plus de 14 nœuds sur le fond, et pourrait bien signer au terme de sa charge océanique une journée à plus de 300 milles. Jöerg Riechers, deuxième sur Mare, Fabrice Amedeo (Geodis) et Sébastien Rogues, 4ème sur Eole Generation – GDF SUEZ, réunis en 13 petits milles, s’accrochent au wagon Normand et affichent des performances similaires. A moins de 1 600 milles de l’arrivée, et à l’entame du 7ème jour de course, ces 4 voiliers provoquent une nouvelle cassure, certes ténue, avec le reste de la flotte qui s’étire lentement mais sûrement en longitude. Benoit Parnaudeau (Transport Cohérence), bien reparti après son « pit stop » de Saint-Pierre ferme en effet la marche à près de 260 milles du leader.

La Transat Québec Saint-Malo dans sa catégorie Class40 connaît depuis cette nuit son 5ème changement de leader. La flotte se scinde quelque peu en accélérant par l’avant. L’instant est crucial et personne ne « lâche le morceau », à l’instar d’un Aurélien Ducroz, 7ème, « flashé » à 20 nœuds. Des vitesses presque banales loin devant la meute des 40 pieds pour le trimaran Multi50 FenêtréA Cardinal 3 d’Erwan Le Roux bien calé lui aussi sur l’avant du front et qui va passer sous la barre des 1000 milles restant à parcourir jusqu’à saint Malo. On note ce matin que dans le fort vent de sud-ouest, le monocoque italien de 50 pieds Vento di Sardegna qui concoure lui aussi en classe Open a doublé les leaders de 40 pieds avec lesquels il bataille ferme depuis le départ.

La Transat Québec Saint-Malo selon Mabire :
« Bonsoir la Terre, j’espère qu’il fait beau chez vous. Ici il pleut. Mais ce n’est pas grave, nous nous amusons bien quand même. Comme pour les jours de pluie, nous avons sorti les jeux de société. Pour la Noël, nous en avons reçu un nouveau qui s’appelle « La Transat Québec Saint-Malo ». C’est un jeu sur l’ordinateur. Sur l’écran, il y a une carte de l’Atlantique et plein de petits bateaux de toutes les couleurs dessus. Toutes les quatre heures pendant la journée, le Maître de jeu envoie des nouvelles positions, qui replacent les petits bateaux sur la carte.
Nous, notre bateau, c’est Campagne de France. Le but du jeu est d’essayer de le placer le mieux possible sur l’écran avant que les prochaines positions ne tombent. Au moment où nous recevons les positions de la flotte, nous découvrons si nous avons bien joué ou pas. C’est très amusant. En plus, pour pimenter le jeu et que ce soit plus drôle, nous passons par des cases diverses, un peu comme le jeu de l’oie, où nous avons des bonus ou des malus.
Dans les cases malus, il y en a plein de différentes. Au choix :
– Algues dans les safrans ou, et, la quille
– Gros vilain nuage de pas de vent
– Vent refusant lorsqu’il faudrait qu’il adonne
– Vent adonnant lorsqu’il faudrait qu’il refuse
– Casses matériel diverses, avec plus ou moins de malus selon le type de casse.
Dans les cases bonus (beaucoup moins nombreuses), les plus appréciées sont :
– Pétole rien que pour les autres
– Adonnante rien que pour soi quand on est au près
– Refusante rien que pour soi quand on est au vent arrière
– Eclair de lucidité subit pour savoir où aller
En tous cas ce jeu a du succès à bord. Au moment des positions, tout le monde regarde l’écran !
Par contre, les gentils organisateurs, par souci de réalisme, ont décidé d’asperger notre salle de jeu avec des lances à incendie, branchée sur l’eau de mer qui plus est. A revoir. Aussi de temps en temps, il faut sortir dehors, dans la pluie, le froid et sous les jets qui nous aspergent bêtement, pour aller tirer sur des ficelles ou pour essayer de maîtriser des grandes bâches toutes raides et toutes mouillées, qu’on ne peut même pas plier correctement. Cette partie du jeu est à revoir aussi. Sinon dans l’ensemble c’est pas mal.
Nous allons essayer de progresser d’ici l’arrivée, car apparemment les autres joueurs sont drôlement entrainés et il y en a qui jouent super bien. Même que si on devait comparer notre jeu à un jeu de carte, il y en a qui sont tellement balaises, qu’ils arrivent même à transformer les jeux de hasard en jeu d’adresse… dans le genre de celui qui arrive à retrouver la carte, qu’on est le seul à avoir imaginé d’avoir vu, au milieu d’un tas qui a été brassé 5 fois. Ça peut aider pour le jeu de la Transat Québec Saint-Malo…
A bientôt, et vous aussi jouez bien sur vos ordinateurs… »
Campagne de France

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