Le puissant fleuve Saint-Laurent poursuit son impitoyable travail de sape sur la flotte des 25 voiliers de la Transat Québec Saint-Malo ; bourrasques, trous de vent, flux et reflux de la marée, objets flottants, animaux marins… s’additionnent depuis le départ dimanche en fin d’après-midi de Québec (heure française) pour opérer une sélection naturelle parmi les bateaux qui s’alignent sur près de 150 milles le long des rives de la Gaspésie. Quelque peu seul au monde, performances de son trimaran Multi50 de nouvelle génération FenêtreA Cardinal obligent, Erwan Le Roux caracole en tête et gère au près son « atterrissage » aujourd’hui sur Gaspé, dernière marque à franchir dans le Saint-Laurent. C’est contre un vent en voie de fraîchissement qu’il négocie son entrée dans l’immense estuaire. Son dauphin Erik Nigon (Vers un Monde sans Sida) est revenu du diable vauvert souffler à Gilles Lamiré (Défi Saint-Malo Agglo) la deuxième place du classement général provisoire. Il vient seulement de parer la bouée de Sainte-Anne des Monts, et se trouve ce matin relégué à plus de 72 milles. Tandis que l’italien Andrea Mura parvient à mêler son grand monocoque de 50 pieds Vento di Sardigna à la lutte des grands multicoques, Georges Leblanc et son Océan Phénix profitent loin de Matane du renforcement du vent pour stabiliser un retard sur le leader de près de 150 milles.

Mais c’est bien en Class40 que l’écrémage de ces premières 36 heures de course est le plus spectaculaire ; le fleuve a gardé dans sa nasse pas moins de 4 protagonistes qui, avec plus de 80 milles de retard sur le groupe leader, paient cher de s’être trop souvent trouvé au mauvais endroit et au mauvais moment. Les Français Jean-Edouard Criquioche (Sevenstar Yachttransport), Louis Duc (Avis Immobilier), accompagné du Belge Denis Van Waynbergh (Proximedia) et du Québécois Robert Patenaude (Persévérance) vont toute la journée voir leur déficit se creuser au fur et à mesure que la tête de course accélère dans les flux de sud qui forcissent à l’approche de l’embouchure du fleuve.

En tête de flotte, précisément, c’est à un énième changement de leader que nous assistons dans la nuit Québécoise. Aurélien Ducroz (Latitude Neige-Longitude Mer), puis Sébastien Rogues (Eole Generation – GDF SUEZ) et même Thierry Bouchard (Comiris-Elior) ont tour à tour céder le fauteuil de leader au grandissime favori de l’épreuve, l’Allemand Joerg Riechers (Mare). Contrarié dans ses plans hégémoniques hier après-midi par « l’explosion de son spi », le vainqueur de la Solidaire du Chocolat et de l’Atlantic Cup, formidablement soutenu par un « All Star crew » composé de l’Américain Ryan Breymaier et des « Ministes » Sam Manuard et Rémi Aubrun est revenu « à la pédale » se mêler aux échappées des premières heures avant de s’emparer juste avant le passage à Sainte-Anne des Monts du leadership. Il imprime désormais le tempo et profite du vent frais pour entamer une envolée aux accents d’irrésistibilité vers Gaspé.

Longtemps aux avant-postes, Geodis de Fabrice Amédéo et Armel Tripon a concédé une douzaine de milles à ce groupe d’échappée. Il navigue intercalé devant le gros du peloton emmené par Halvard Mabire (Campagne de France) à plus de 40 milles du leader.

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