Et si un skipper non francophone remportait pour la première fois la Transat Québec Saint-Malo ? Cette hypothèse longtemps caressée à l’aube de chacune des sept éditions précédentes de la grande traversée depuis le Nouveau Monde vers le vieux continent, n’a jamais été aussi proche de se réaliser qu’en cet été 2012. La classe « reine » de ce millésime, celle des monocoques de 40 pieds, forte de 20 engagés, comprend en effet pas moins de sept entités battant pavillon étranger, Allemand, Américain, Canadien, ou Belge. L’étude un peu attentive des potentiels humains et techniques de ces projets non francophones aboutit imparablement à la même conclusion ; c’est bien parmi les coureurs non francophones de la flotte que se trouve peut-être le vainqueur de Saint-Malo. Halvard Mabire (Campagne de France), tenant du titre et postulant affirmé à sa propre succession, et Sam Manuard, l’architecte de génie embarqué à bord de l’une de ses « créations », « Mare » à l’Allemand Jörg Riechers, ne disent pas autre chose…

L’Allemand Riechers grandissime favori

Vainqueur de deux épreuves majeures de l’année en Class40, la Solidaire du Chocolat et l’Atlantic Cup, le Hambourgeois Jörg Riechers semble prolonger à bord de son Mach 40 « Mare » signé Manuard la réputation « d’épouvantail » initiée lors de ses années en Mini 6,50. La combinaison hommes-bateau semble en effet rassembler « sur le papier » tous les ingrédients du succès. Jörg embarque Manuard, mais aussi le très précieux Rémi Aubrun, marin unanimement apprécié pour sa polyvalence, et le baroudeur américain Ryan Bremeyer fraîchement débarqué d’un sprint supersonique à travers l’Atlantique en trimaran MOD 70 (Musandam Oman sail). « Mare est un super bateau, très optimisé et que Jörg (Riechers) a minutieusement préparé. Son équipage est redoutable et j’en fais les « super favori » de cette Québec Saint-Malo. » explique Halvard Mabire, qui mène depuis un an une formidable campagne de courses autour du monde à bord de son Pogo 2S « Campagne de France ». Son œil aiguisé porte un intérêt soutenu à l’autre Allemand de la course, le journaliste-navigateur Mathias Blumencron dont le plan Rogers « Red » mené avec expertise par ses trois équipiers allemands sera « sans aucun doute très près du podium ». Ce n’est qu’au troisième niveau de son analyse qu’un premier postulant français apparaît dans ce tour d’horizon parfaitement subjectif et assumé comme tel, livré par le tenant du titre. « Stéphane Le Diraison part avec trois très bons marins, issus comme lui de la Classe Mini, avec Bertrand Delesne, Vincent Barnaud et Eric Mézières qui maîtrisent parfaitement leur Pogo 2.»

Pléthore de candidats aux accessits…

Et c’est bien là une autre grande spécificité de cette course décidément hors du commun que Mabire tient à souligner : « Le niveau des équipages est très relevé, et dans le sillage théorique de Riechers, dont le palmarès de l’année justifie à lui seul ce statut de favori, ils ne sont pas moins de 5 ou 6 voiliers à jouer la victoire finale ! Et de citer pêle-mêle Thierry Bouchard et les hommes de son puissant Akilaria RC2, Aloys Le Claquin et le sistership de Mare « Jack in the box » et Sébastien Rogues sur l’autre Akilaria RC2 « Eole Génération-GDF Suez ». « J’en oublie certainement tant le niveau est élevé, et les différences entre les équipages et les bateaux ténues ; Le « Geodis » de Fabrice Amedeo et Armel Tripon sera sans aucun doute aux avant-postes » poursuit Mabire, qui affirme nonobstant être capable, avec son équipage réduit à trois, avec Miranda Mirron et Christian Bourroullec, de tenir la cadence et de tirer avantage, le cas échéant, de son choix de partir « léger » . « Les plans Farr avec l’Américain Dave Rearick et le Belge Michel Kleinjans seront à n’en point douter redoutables. Rearick a très bien marché durant l’Atlantic Cup et se présente avec un équipage enthousiaste et dynamique autour de la jeune américaine Emma Creighton elle aussi issue de la Classe Mini. »
Jacques Fournier sur son Pogo 40S « Groupe Picoty » s’est entouré, lui aussi, de marins reconnus, Jean-Christophe Caso et Arnaud Boissières ; « Il ne peut être totalement oublié des pronostiques… »

Des Machines…

« Si la météo se confirme, nous partons sur du petit temps. Dans ces conditions et si les bateaux sont au poids de la jauge, il n’y aura pas beaucoup d’écarts entre les concurrents. Nous sommes à peu près tous sur un pied d’égalité en terme de performance. Il n’y a pas de différence majeure.»

Cette phrase de Samuel Manuard, architecte et coureur au grand large nous révèle un point clé de cette Transat Québec Saint-Malo. Pourtant en se promenant le long du bassin louise au Port de Québec des, les Class40 semblent bien différents… quoique. Entre les Pogo 40 datant de 2006 et les Mach 40 de 2011 et 2012, les bateaux n’ont pas grandis, ne se sont pas élargis ni allongés. En revanche, le dessin de la coque, les entrées d’eau, l’ergonomie des plans de pont et des cockpits sont les grands points de changement de ces dernières années.
« Mon idée en dessinant le Mach 40 était de faire un bateau rapide au reaching et pas trop pénalisé dans le petit temps. Avec le Mach 40 on marque une rupture avec les autres bateaux en terme d’ergonomie avec la protection de l’équipage, un cockpit adapté à un équipage réduit mais aussi dans le concept archi. » Puissant au reaching, rapide dans le petit temps mais aussi confortable car pour bien mener ces machines il faut préserver le marin. Il n’est donc plus rare de découvrir des protections plus larges, des barres franches plus adaptées ou des postes de manœuvres centrés pour une meilleure efficacité.

Ses favoris

« Pour moi Michel Kleinjans sur Roaring Forty 2 est très dangereux. Il a un bateau très récent et une énorme connaissance du large. Il vient de faire la Two Star pour venir ici à Québec avec des conditions assez musclées. Ça va être des costauds. Après il y a quelques équipages français comme Thierry Bouchard sur Comiris-Elior qui est très fort en vitesse. Si les conditions ne sont pas trop extrêmes, ils ont clairement une chance dans le petit temps et peuvent être devant. Il y a aussi Fabrice Amedeo et Armel Tripon sur l’Akilara Geodis. Stéphane Le Diraison sur IX Blue a aussi un très bon bateau et le bon équipage pour le faire tourner. La stratégie n’est pas vraiment claire et si ce n’est pas l’autoroute avec des conditions soutenues, le jeu va être ouvert. Pour le groupe de bateau assez proche de la jauge c’est l’équipage qui va faire la différence, pas le bateau. »

La flotte des Class40 de cette Transat Québec Saint-Malo offre ainsi une saisissante photographie du plateau international de la course au grand large. Le niveau est sans cesse tiré vers le haut et l’internalisation de cette classe y est aussi pour quelque chose. L’hégémonie légendaire des coureurs hexagonaux sur les grandes courses transatlantiques pourrait s’en trouver bousculée. Ce n’est pas le moindre des intérêts de l’épreuve. Résultat de cette bataille Atlantique début août à Saint-Malo pour le sacre d’un équipage qui aura réussi à damer le pion à une concurrence affûté et acharnée.

Le saviez-vous ?

La poutine est un mélange de frites et de grains de fromage qui font skouic! quand on croque dedans, le tout noyé dans une sauce brune. C’est ultra-gras et ultra-salé.
La poutine trouve son origine dans le Québec rural des années 1950, elle est depuis devenue populaire partout au Québec. Son origine exacte est très controversée. Plusieurs endroits précis se disputent l’origine de la poutine :
L’histoire la plus répandue est qu’elle proviendrait d’un restaurant autrefois appelé Le Lutin à Warwick, dans l’Arthabaska. Selon la légende, en 1957, un client nommé Eddy Lainesse a demandé au propriétaire Fernand Lachance, de mettre le casseau de fromage et le casseau de frites dans le même sac et le propriétaire aurait répondu : « Ça va faire une maudite poutine », d’où le nom qui veut dire « mixture étrange »

Source

Articles connexes