Née en 1984, la grande course océanique Québec Saint-Malo 8ème du nom s’élancera dimanche prochain 22 juillet entre 11 heures 20 locales pour les monocoques et 11 heures 35 pour les multis. Seule épreuve open disputée d’Ouest en Est et en équipage, cette transat qui a vu triompher les plus grands marins des trois dernières décennies, de Titouan Lamazou à Franck Cammas, présente cette année nombre de singularités qui, mises bout à bout, concourre à sa légende, et en font l’une des courses les plus prisées des navigateurs modernes. Et l’on pense naturellement à ce parcours si spécifique de 2 965 milles nautiques, dont un bon quart en navigation fluviale et insulaire. Les équipages plongent dès le départ à l’ombre de la cité de Montcalm vers les rivages sauvages du gigantesque fleuve et ses terribles courants, et découvrent un des plus grands estuaires du monde, à la faune marine exceptionnelle. 25 équipages ont répondu à l’appel d’une aventure hors du commun sur la route des grands explorateurs des 16ème et 17ème siècle et de la grande pêche du 19ème. Témoin d’un aura en constante expansion, une dizaine de nationalités est cette année représentée, avec des bateaux battant pavillon Français, Belge, Allemand, Américain, Italien et… Québécois. L’engouement des Canadiens pour « leur » transat ne se dément pas, et c’est un public compact et bon enfant qui se presse chaque jour sur les pontons à la rencontre de skippers disponibles et pédagogues. Les équipages, à 72 heures du départ sont à présent au complet et vont petit à petit entrer dans la réalité physique de la course.

Atypique !
C’est certainement le parcours le plus atypique des courses océaniques. Avant d’attaquer l’Atlantique Nord par les bancs de Terre-Neuve et Saint-Pierre et Miquelon, les 25 équipages engagés dans cette 8ème édition de la Transat Québec Saint-Malo devront s’acquitter d’une difficile descente du fleuve Saint-Laurent. Pour ramener cette distance à une navigation le long des côtes françaises, cette route serait l’équivalent d’un parcours Le Havre – L’ile d’Yeu en laissant le Cotentin et la Pointe Bretagne à bâbord. Courants, renverses, bancs de sable, trafic maritime intense (plus de 4 000 mouvements de navires par an de mi-mars à fin décembre) et baleines constituent d’innombrables pièges que les marins devront éviter dès la ligne de départ franchie.
« On ne gagne pas la Transat sur le Saint-Laurent, mais on peut la perdre. » nous confiait Jean- Claude Maltais, directeur de course de la Transat Québec Saint-Malo.

L’Auberge Espagnole
Prenez un skipper Français (Jean-Edouard Criquioche), ajoutez lui une pincée de marins Américano Espagnol (Andres Soriano), Allemand (Anna-Maria Renken) et Anglais (Samantha Evans) et vous obtiendrez Sevenstar Yachttransport. Véritable auberge espagnole flottante, il faudra harmoniser la parole à bord du Class40 pour que ce petit monde puisse communiquer aisément. Après de courtes délibérations, c’est bel et bien l’anglais qui a été retenu. « Samantha ne parle pas du tout le français, tout comme Andres et moi. Même si je connais quelques petits mots de français, pour que la vie et les manœuvres se passent bien à bord, il vaut mieux que nous parlions tous une langue que nous comprenons. Ça sera donc l’anglais. » Avouait l’Allemande Anna-Maria Renken.

6 villes, 6 bouées.
Découvrir le Saint-Laurent, c’est aussi avoir le loisir d’en investir les moindres recoins. La volonté des organisateurs Québécois de mettre en valeur ce fantastique patrimoine maritime a trouvé un écho enthousiaste auprès de nombre de villes côtières désireuses d’associer leur nom et leur topologie à l’épreuve. L’idée d’imposer au cœur même du fleuve pas moins de 6 passages obligés est ainsi née. Chaque bateau pointé en tête aux passages de ces marques se verra doté d’une prime. La Malbaie, sur la rive nord du fleuve imposera ainsi aux navigateurs un ô combien périlleux bord au plus près de la rive nord du grand fleuve. Rimouski les contraindra à une nouvelle traversée du Saint-Laurent, avant de retrouver les marques habituelles de Matane, Sainte Anne-des-Monts, Gaspé et enfin Percé et son célèbre rocher, au terme de 376 miles d’une navigation épique et pleine de dangers.

Des chiffres et des noms
Merit, William Saurin, Fujicolor II, Pogo Structure, Crêpes Wahou ! des noms mais auxquels il faut ajouter des chiffres pour que l’histoire prenne un sens.

– Merit pour un record en monocoque qui tient depuis 20 ans. En 1992, Pierre Fehlmann et son équipage mettent 10j 15h et 44min pour couvrir la distance.

– William Saurin est le plus grand multicoque à avoir participé à la course. Avec ses 25m90, le trimaran d’Eugène Riguidel dépasse d’1m40, l’incroyable catamaran de Loïc Caradec, Royale 2 et de 3m10, Jet Service V de Serge Madec.

– Fujicolor II : Avec un temps de course de 7j 20h et 24min, Loïck Peyron sur Fujicolor II, un trimaran Irens de 60 pieds, est toujours le détenteur du record de la course, toutes classes confondues.

– Pogo Structures : En 2008, Halvard Mabire sur son Pogo 40, Pogo Structure est le premier à établir un temps de référence (de 13j 13h et 50min) dans cette classe qui compte cette année 21 participants.

– Crêpes Wahou ! Grand animateur de la classe des Multi50, Franck-Yves Escoffier avait, en 2008, parcouru la distance entre Québec et Saint-Malo en 11j 03h et 49min. Les deux Multi50 arriveront-ils à faire mieux cette année ?

Rapprocher les Québécois de la course…
Et le grand public en général. Sensibilisé au poids de plus en plus conséquent des nouveaux moyens de communication dans la promotion des événements sportifs, les organisateurs de la Québec Saint-Malo ont choisi d’offrir la plus grande accessibilité possible à l’épreuve, en temps réel, et où que l’on se trouve ; des applications cartographiques pour suivre la course en direct sur le web et les téléphones mobiles, en 2 D et 3 D, ont ainsi été développées par l’entreprise Québécoise Korem. Ces applications web et mobiles vont permettre aux amateurs de suivre et de comprendre les manœuvres de chaque équipage tout en étant informé de leurs aventures. Ainsi, en plus de suivre la localisation de chaque voilier et leur positionnement au classement, le public aura accès à une foule de renseignements sur chaque équipage, tout en étant informé des conditions météorologiques à l’emplacement et au moment précis de leur position.
L’application gratuite est dès à présent disponible sur le web via le www.transatquebecstmalo.com, ainsi que sur les plateformes iPhone et iPad sous le nom de Transat Québec Saint-Malo 2012. Dès le départ de la course, les données seront actualisées afin de permettre la localisation rapide des voiliers lors de leur passage devant les villes participantes du Circuit 6 villes, 6 bouées pour la portion fluviale de la course.

Ils ont dit :
Jean-Claude Maltais, directeur de course
« Nous réfléchissons toujours avec notre président Sylvain Gagné à la fréquence de notre événement. » explique Jean-Claude Maltais, directeur de course. Nous aimerions avoir chaque année un grand événement nautique, avec peut-être une nouvelle fréquence de la Transat Québec Saint-Malo, tous les deux ans. Les MOD 70 nous ont approché et nous avons discerné des intérêts communs… ce n’est qu’une piste mais nous sommes réceptifs à toutes idées permettant de mettre l’axe fluvial de plus en plus en évidence… »

Mike Birch
« Je suis venu en voisin, de Gaspé, voir mon ami Halvard Mabire. Je crois avoir disputé toutes les éditions de Québec Saint-Malo sauf une. C’est une super course que j’ai beaucoup aimé… »

Fabrice Amédeo (Class40 Géodis)
« La descente du fleuve est l’un des grands morceaux de bravoure de l’épreuve. Le niveau des concurrents ajouté à la complexité du Saint-Laurent feront des premiers jours de course une sorte de grande épreuve du tour de France à la voile, au contact et au plus près des rivages. »

Erwan Le Roux, (Multi50 FenetréA-Cardinal)
« J’aime assez ce principe des bouées proches de la côte parce qu’il faut s’attendre à ce qu’il y ait du monde sur les rives, ce qui nous permet de montrer nos bateaux, c’est important. La descente du Saint-Laurent va se faire au reaching avec du sud sud ouest. On sait qu’il ne faudra pas traîner car il y a un système météo menaçant qui se forme et qu’on surveille de près. Ne pas perdre de temps nous permettra aussi d’avoir le bon système météo à Saint-Pierre ».

Le saviez-vous ?
Le «joual» est la langue vernaculaire des québécois français. Le mot joual, qui s’emploie parfois avec une petite nuance péjorative, prend ses origines dans la prononciation populaire du mot « cheval », à indiquer une façon batârdisée de parler français. Dans les années 70s, le joual a commencé à être utilisé par des écrivains, journalistes, acteurs, et chanteurs, devenant symbole de la voix du peuple québécois contre le manque de naturel du français standard et la domination anglaise dans leurs vies.

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