Une course hors normes
Dans maintenant 17 jours, la quatrième édition des Sables – Les Açores – Les Sables libèrera la flotte des quarante solitaires en route vers l’île de Faial et de cet anticyclone des Açores qui fait tant couler d’encre en refusant jusque-là de se porter à nos latitudes. Plus grande course du circuit Mini après la Transat 6.50, Les Sables – Les Açores est une véritable épreuve hauturière et sûrement la meilleure des préparations à une traversée de l’Atlantique.
Les Sables – Les Açores c’est en quelque sorte un véritable rite initiatique. Chaque étape correspond à un tiers de traversée de l’Atlantique, un peu plus que la première étape de la Mini-Transat. Mais c’est surtout la variété des conditions météorologiques que peuvent rencontrer les concurrents qui en fait tout son sel. Le golfe de Gascogne est, bien évidemment, le premier des juges de paix. Des Sables d’Olonne au cap Finisterre, les concurrents peuvent rencontrer toutes les conditions depuis des calmes assez fréquents à cette période de l’année à un puissant courant de sud-ouest. En 2010, c’est ce courant de sud-ouest qui avait propulsé les concurrents à grande vitesse sur la route du retour, quand à l’inverse en 2008, il avait bousculé la flotte sur le parcours aller, obligeant la flotte à rejoindre Horta en plus de onze jours. C’est aussi cette incertitude qui fait le charme de l’épreuve. Hypothèse optimiste : avec l’aide d’un bon vent portant, les Minis peuvent rallier les Açores en moins de six jours. Versant noir : si jamais les régimes d’ouest s’installent sur l’Atlantique, le pensum peut durer plus de dix jours. C’est aussi cette part d’incertitude que viennent chercher les solitaires : devront-ils savoir durer et s’économiser ou bien tout donner dans une course qui s’apparentera plutôt à un sprint. Le scénario n’est pas écrit d’avance, d’autant que de la pointe de l’Espagne à l’archipel portugais, il est fréquent que les navigateurs doivent gérer des zones de transition qui demandent une certaine vista sur le plan de la navigation et une bonne lucidité. Enfin, l’approche des îles est toujours complexe entre gestion des dévents provoqués par les reliefs et courants de marée.
L’internationale des solitaires tire vers le haut
Pour cette course en deux étapes de près de 1300 milles chacune (2500 km environ), on ne compte pas moins de onze nationalités avec notamment la présence de coureurs turc et hongrois. Le représentant magyar Aron Meder (Felicity 2) est d’ailleurs un drôle de pistolet puisqu’il a déjà bouclé un tour du monde sur un petit day-boat de moins de 6 mètres. Il vient au monde de la course au large en toute humilité, mais on ne serait pas surpris de voir le garçon apprendre vite. D’autres nouveaux venus dans le circuit comme Giancarlo Pedote (Prysmian) ou Justine Mettraux (Teamwork) ont montré qu’il faudrait effectivement compter avec ces nouveaux-venus sur le circuit. C’est peut-être d’ailleurs un des enseignements de l’évolution actuelle du circuit Mini. De plus en plus, les habitués du circuit doivent composer avec des navigateurs venus de l’olympisme, imprégnés d’une véritable culture de la gagne. On assiste aussi à des transfuges du circuit Figaro Bénéteau comme Damien Cloarec qui vient se préparer pour la prochaine Mini-Transat. A l’inverse, les anciens du circuit Mini brillent dans d’autres séries, comme Xavier Macaire, vainqueur il y a deux ans des Sables – Les Açores et qui vient de terminer sa deuxième Solitaire du Figaro à une magnifique dixième place ou bien Yann Riou, media man d’exception à bord de Groupama 4.
D’une part, la bagarre s’annonce prometteuse sur cette édition 2012, de l’autre, c’est peut-être ici que se niche une des futures vedettes de la course au large de demain.