Pour sa première édition, la KRYS OCEAN RACE a surpris les coureurs par son intensité et sa rapidité : moins de cinq jours pour traverser l’Atlantique de New-York à Brest ! Yann Guichard et son équipage s’imposent en 4j 21h 08’, avec seulement 1h11’ de marge sur Sébastien Josse et ses hommes, eux-mêmes devançant Michel Desjoyeaux et ses cinq équipiers de 28’… Une traversée éclair avec une moyenne de plus de 28 nœuds.

Si depuis le passage aux îles Scilly, il n’y a pas eu de surprise de dernière minute, le contournement de l’archipel anglais était le passage névralgique avant la traversée de la Manche. Les trois leaders ne s’y sont trompés en utilisant leur joker (le « mode furtif ») avant leur atterrissage sur Land’s End mais rien n’y a fait : Spindrift racing bien que ralenti par une dorsale anticyclonique quand ses deux poursuivants arrivaient avec le front associé à la dépression américaine, n’a perdu que peu de terrain. Le long bord de près débridé pour parer ensuite Ouessant et ses dangers ne pouvait pas réellement changer la donne sur ces trimarans strictement identiques.

Des plantés et des vitesses hallucinantes

Car à l’exception du départ dans l’Hudson River qui s’est avéré laborieux dans de petits airs, la brise était au rendez-vous tout au long des 2 950 milles du parcours direct (orthodromie). Mais pour rallier la Bretagne, les cinq MOD70 ont d’abord dû plonger vers l’Est-Sud Est avant de pouvoir raccrocher le 50°N, réalisant une sinusoïde presque parfaite ! Les équipages ont donc rallongé leur route d’environ 300 milles mais ont toujours bénéficié d’une brise de secteur Sud-Ouest entre 20 et 30 nœuds.

Yann Guichard et ses hommes ont réussi à se démarquer lors de la deuxième nuit de course lorsqu’ils ont continué à naviguer sous gennaker et deux ris dans la grand-voile pour glisser et se rapprocher plus tôt de l’orthodromie. Les écarts sont ensuite restés assez constants et n’ont augmenté que lorsque Sébastien Josse et Michel Desjoyeaux ont enchaîné deux empannages au milieu de l’Atlantique afin de se recaler dans le sillage du leader. Spindrift racing s’offrait dans la foulée, la meilleure distance parcourue en 24h avec 711,9 milles !

Des trimarans sains mais humides

Tous les équipages se sont accordés à souligner l’excellent comportement des MOD70 dans ces conditions extrêmement musclées et surtout continues puisque les trois bateaux n’ont quasiment pas changé d’amures (tribord) depuis le départ de New-York. Mais à près de trente nœuds ou plus des heures durant, les barreurs ont été particulièrement sollicités et littéralement noyés sous les embruns et les vagues, avec quelques enfournements spectaculaires, à la limite du chavirage parfois ! Hors des avaries de dérive pour Race For Water (choc avec un container) ou de foil pour Musandam-Oman Sail (raison encore indéterminée), les MOD70 ont parfaitement supporté les énormes efforts encaissés dans les vagues.

Yann Guichard (Spindrift racing) s’empare ainsi de son premier trophée sur une course océanique en tant que skipper grâce à un équipage de haut vol et habitué des grandes traversées océaniques : Pascal Bidégorry, Jean-Baptiste Levaillant, Jacques Guichard, Léo Lucet, Kevin Escoffier. Sébastien Josse (Groupe Edmond de Rothschild) prend la place de dauphin avec une trentaine de milles d’écart, tandis que Michel Desjoyeaux (FONCIA) monte sur la troisième marche du podium à seulement sept milles de son prédécesseur…

En vu des Scilly en fin d’après-midi, Sidney Gavignet et son équipage (Musandam-Oman Sail) sont attendus sur la ligne vers minuit après un parcours remarquable malgré le handicap de leur foil cassé. Quant à Stève Ravussin (Race For Water), il devrait en finir samedi matin…

Arrivée de la KRYS OCEAN RACE (heure française)

  1. Spindrift racing (Yann Guichard) le 12 juillet à 14h 08’ 37 à 25,3 nœuds de moyenne (orthodromie) en 4j 21h 08’ 37
  2. Groupe Edmond de Rothschild (Sébastien Josse) à 15h 19’ 49 à 25,06 nœuds de moyenne (orthodromie) en 4j 22h 19’ 49
  3. FONCIA (Michel Desjoyeaux) à 15h 47’ 57 à 24,96 nœuds de moyenne (orthodromie) en 4j 22h 47’ 57
  • Spindrift racing:
    Yann Guichard, Pascal Bidégorry, Jean-Baptiste Levaillant, Jacques Guichard, Léo Lucet, Kevin Escoffier
  • Groupe Edmond de Rothschild:
    Sébastien Josse, Antoine Koch, Christophe Espagnon, David Boileau, Florent Chastel, Thomas Rouxel
  • FONCIA :
    Michel Desjoyeaux, Jérémie Beyou, Sébastien Col, Xavier Revil, Emmanuel Leborgne, Antoine Carraz

Yann Guichard (Spindrift racing) « Cette transat s’est vraiment bien passée : on a pris du plaisir et je crois que cette victoire est méritée car nous avons fait une belle route tout au long de ces cinq jours. L’arrivée était un peu une libération car sur les cent derniers milles avant les Scilly, nous n’avons pas eu beaucoup de vent par rapport à nos poursuivants qui revenaient fort sur nous. Les fins de course sont toujours difficiles… On est un peu étonné de cette traversée express car notre trajectoire ressemble à une sinusoïde parfaite, tout en tribord amures. C’étaient des conditions que nous n’avions pas rencontrées auparavant, mais tout s’est déroulé au portant et on était bien sous l’eau ! Le bateau est très sain : c’est une belle réussite… »

Sébastien Josse (Groupe Edmond de Rothschild) « Je suis très content de cette deuxième place parce que nous n’avons pas voulu suivre Spindrift racing dans une mer que nous savions assez dure : je préférais assurer pour cette première course transatlantique. Le bateau est très fin, marin, solide mais on se rend compte qu’il supporte énormément de toile et plus ça allait, plus on poussait loin, parfois à la limite du raisonnable ! »

Michel Desjoyeaux (FONCIA) « Je suis satisfait parce qu’on aurait pu faire plus mal que troisième ! Déçu parce que la sortie de New-York nous a un peu handicapé au départ. On s’est bien battu : on est revenu sur Spindrift racing et sur Groupe Edmond de Rothschild. Ça ne s’est pas joué à grand-chose comme les écarts à l’arrivée le montrent. En tous cas, c’était express… Traverser l’Atlantique à ces vitesses-là sans quasiment aucun problème technique, c’est déjà un bon point.

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