Deuxième round. A 12h30, devant les plages espagnoles, les 36 solitaires ont pris le départ de la 2e étape de La Solitaire du Figaro-Eric Bompard Cachemire (Gijon – Saint Gilles Croix de Vie), dans un vent de nord-ouest d’une douzaine de nÅ“uds et une belle houle de deux mètres. Tous les feux sont au vert pour Gildas Morvan (Cercle Vert) qui a dominé le parcours côtier et enroulé en tête la bouée Radio France après un peu plus d’une heure de course. La priorité de ces prochaines heures : s’extraire de la chape anticyclonique qui stagne sur les reliefs espagnols, être le premier à envoyer le spi et filer tout droit vers la Bretagne.

Ne pas trébucher dans le parcours côtier. Partir tout de suite dans le bon paquet. Prendre très tôt les devants. Tel était le leitmotiv ce matin sur les pontons de la Marina Yates à l’orée de cette deuxième étape de 451 milles. A vouloir trop bien faire, Jean-Pierre Nicol (Bernard Controls), Morgan Lagravière (Vendée), Sam Goodchild (Artemis 23) et Nicolas Jossier (In Extenso Experts Comptables) volaient tous les quatre le départ et devaient repasser la ligne pendant que leurs camarades s’élançaient à 12h30 dans un vent de nord-ouest de 12 nœuds. Grâce à un timing de métronome au moment du coup de canon, Gildas Morvan (Cercle Vert) glisse rapidement en pointe et enroule en tête la bouée de dégagement Géolink devant Thierry Chabagny (Gedimat) et le jeune Julien Villion (Seixo Promotion). Leurs 33 poursuivants passent tous la marque en moins de 3 minutes. Tout au long de ce parcours côtier mouillé devant les plages de Gijón, Gildas et Thierry seront les seuls à conserver leur position. Derrière, toute la flotte, au contact, joue des coudes dans un périmètre réduit. Après 7 milles de navigation à toutes les allures, Cercle Vert et Gedimat, en pleine bataille de virements, franchissent les premiers la cardinale de Los Amosucas (bouée Radio France). A leurs trousses au moment d’entamer la traversée du golfe de Gascogne, le top 10 réunit une belle brochette de cadors. Erwan Tabarly (Nacarat), les deux Skipper Macif, Frédéric Duthil (Sepalumic), Nicolas Lunven (Generali), Alexis Loison (Groupe Fiva) et Francisco Lobato (Roff) sont de la partie. Sans oublier le bizuth Julien Villion, en 4e position. En début d’après-midi, c’est une armada encore groupée, mais étalée d’ouest en ouest sur une paire de milles, qui pointe vers le nord, dans un vent destiné à mollir.

Petits joueurs

La traversée de cette bulle anticyclonique est le premier croche-pied de l’étape. Les premiers à en sortir seront aussi les premiers à toucher le vent de sud-ouest qui devrait accompagner la flotte jusqu’à l’arrivée à Saint Gilles Croix de Vie (10 à 25 nœuds au plus fort). Lorsque ce nouveau vent s’établira ce soir, les spis sortiront aussitôt de leurs sacs pour ne plus être rangés qu’en Bretagne. Dès lors, ce grand speed test au portant vers les côtes françaises risque fort de ressembler à une course de gagne petit : petits placements, petits écarts de vitesse, petites adaptations aux écoutes et sans doute, toute petite nuit de sommeil !

Les quinze premiers à la bouée Radio France :

  1.  Gildas Morvan (Cercle Vert)
  2. Thierry Chabagny (Gedimat)
  3. Erwan Tabarly (Nacarat)
  4. Julien Villion (Seixo Promotion)
  5. Paul Meilhat (Skipper Macif 2011)
  6. Fabien Delahaye (Skipper Macif 2012)
  7. Frédéric Duthil (Sepalumic)
  8. Nicolas Lunven (Generali)
  9. Francisco Lobato (Roff)
  10. Alexis Loison (Groupe Fiva)
  11. Thomas Ruyant (Destination Dunkerque)
  12. Thomas Normand (Financière de l’Echiquier)
  13.  Charlie Dalin (Keopsys)
  14. Sam Goodchild (Artemis 23)
  15. Yoann Richomme (DLBC)

Ils ont dit…

Thierry Chabagny (Gedimat) : « Il serait temps d’en gagner une »

« Statistiquement, je suis sûr de faire 2e de cette deuxième étape. En 2006, j’ai fait 2e, en 2009, 2e… donc tous les trois ans. Mais on va essayer de faire encore mieux et d’en gagner une enfin. Parce qu’après 11 ans de bons et loyaux services dans la classe Figaro, il serait temps de gagner une étape. Le départ dans du vent très faible sera super important pour arriver à atteindre le vent de sud-ouest établi dans le golfe de Gascogne. Celui qui arrivera à bien réussir le petit parcours en baie et à partir vers le nord rapidement, sera le premier à partir avec le vent de sud-ouest. Attention à ne pas faire d’erreur, un rappel individuel ou un mauvais passage de marque. Si tu perds 1 ou 2 milles sur le leader à la sortie de Gijón, ça pourrait se transformer en 4/5 milles quelques heures plus tard. »

Fabien Delahaye (Skipper Macif 2012) : « C’est une nouvelle course qui commence »

« D’abord partir devant et attraper le vent : ce sera déjà une bonne chose de faite. Ensuite, ça va se jouer autour de la route directe, sur un bord obligatoire où il faudra aller vite et en même temps se reposer. Il faudra jauger le pour et le contre. Car il faudra tenir jusqu’à l’arrivée avec un vent qui risque de mollir. Et non, on ne contrôlera pas les copains, parce que si on en contrôle un, on ne contrôle pas les autres. C’est une nouvelle course qui commence, il n’y a pas de classement pour l’instant. Il ne faut pas regarder le classement, ça ne sert à rien, à part faire des erreurs ».

Fred Duthil (Sepalumic) : « Créer l’écart en sortant bien des côtes espagnoles »

« Il ne se passera pas grand-chose tactiquement. Ce qui fera la différence, c’est essentiellement la capacité à faire avancer le bateau et à se positionner sur les micro rotations de vent sur 15/20 degrés. Mais ce sera surtout de la speed et s’extraire des zones de calmes en Espagne le plus rapidement possible. Il est possible de coller 2 à 3 milles à nos adversaires en sortant bien des côtes espagnoles. Et ça peut faire la différence à l’arrivée. Ensuite, au portant, dans 15/20 nœuds, s’il y a des petites vagues à prendre, c’est clair qu’il faudra être concentré à la barre pour prendre des surfs. La capacité du marin à barrer longtemps et bien sera importante. »

Morgan Lagravière (Vendée) : « La course de vitesse : un point fort pour moi »

« Il ne faudra pas s’emballer, rester concentré, ne pas faire des choses extrêmes pour ne pas se faire décrocher. C’est important de partir dans le paquet, plutôt devant, car la pression devrait arriver pour les bateaux qui sont en tête. Après, c’est une course de vitesse. Et ça, c’est un point fort pour mon bateau et pour moi, donc je pars relativement serein pour cette étape là. L’arrivée se joue à Saint-Gilles, je vis et je m’entraîne là bas depuis deux ans. J’ai une envie particulière de bien faire, mais il ne faut pas se mettre la pression là dessus. Je vais juste rester dans l’optique dans laquelle je suis depuis le début : ne rien lâcher, être à fond, être concentré sur les moyens techniques et humains pour y arriver, plus que sur le résultat sportif ».

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