La voile est un sport mécanique. De l’intégrité et des qualités de la machine dépend le sort de l’homme. Et son résultat final. Quelle relation les marins solitaires entretiennent-ils avec leur bateau ? Est-ce un simple outil au service de la compétition, ou lui confèrent-il une âme ? C’est la question que nous leur avons posée…

Le Figaro-Bénéteau 2 est entré en scène en 2003… neuf ans de bons et loyaux services pour ce monotype de 10 mètres très bien adapté à son programme car né d’un cahier des charges rédigé par les coureurs eux-mêmes. A ce jour, une centaine d’unités sont sorties des moules du chantier Bénéteau. Costaud, fiable, il est capable de traverser l’Atlantique ou la Méditerranée en équipage réduit quelles que soient les conditions (ou presque) et offre d’exceptionnelles joutes à armes égales. « C’est un partenaire solide, pas un jouet fragile, nous dit Paul Meilhat. On maltraite pas mal nos bateaux et ils encaissent très bien ».

Objets inanimés avez-vous donc une âme ?

Toute l’année, les marins vivent avec lui. Aux préparations hivernales succèdent les navigations saisonnières, du printemps à la fin de l’automne. Que ressort-il de cette promiscuité avec un objet flottant fait de résine et de fibres de verre ? Les figaristes considèrent-ils leur embarcation comme un simple outil de travail interchangeable ou comme un partenaire doté de qualités humaines, que l’on réprimande ou que l’on félicite à l’image de Yann Eliès, qui, à chaque arrivée victorieuse, ne manque jamais d’arroser son bateau d’une giclée de champagne ? Voici leurs réponses…

Nicolas Jossier (In Extenso Experts Comptables) :

« C’est mon bateau depuis ma première Solitaire. Je m’y suis attaché. Je le connais comme s’il avait une âme, comme une personne physique. J’ai envie de le bichonner pour lui faire du bien. Il m’arrive de l’engueuler, même si je sais que c’est de ma faute. Et quand ça va bien, je me dis :  » qu’il est beau mon bateau ». Il y a forcément une petite relation fétichiste. »

Morgan Lagravière (Vendée) :

« Je suis attaché à lui, oui, carrément. Je passe énormément de temps avec lui, à terre, sur l’eau. A m’occuper de lui pour ainsi dire. En mer, ça m’arrive de lui parler. Je le motive, je lui dit : « allez, on va y aller ». Je lui suis reconnaissant, mais je ne m’apitoie jamais sur lui si ça ne marche pas. C’est un des derniers Figaro-Bénéteau à être sorti et j’aimerai bien le racheter à la fin de mon contrat. Ça m’embêterait que quelqu’un d’autre navigue dessus. »

Thomas Ruyant (Destination Dunkerque) :

« On est forcément attaché à son bateau. On s’en occupe toute l’année, c’est important d’être bien à bord, de faire corps avec lui. Je crois que je passe plus de temps avec lui qu’avec ma copine ! Parfois ça se passe bien, parfois il nous fait des crasses. Mais si je dois en vouloir à quelqu’un quand ça se passe mal, c’est à moi, pas au bateau… »

Charlie Dalin (Keopsys) :

« Pour moi, c’est un objet. J’essaye de l’entretenir, de m’assurer que tout fonctionne, d’en prendre soin, de préserver le matériel. Mais je n’ai aucune relation affective avec lui. Je ne l’embrasse pas sur la ligne d’arrivée. »

Adrien Hardy (Agir Recouvrement) :

« J’étais accroché à mon Mini. C’était moi qui l’avais construit, dans un hangar glacial, je dormais à côté de lui pour surveiller le séchage des stratifications et je me souviens que je lui parlais en mer. Ce n’est pas la même relation avec mon Figaro. Je crois que ça ne me dérangerait pas si je devais changer de bateau. »

Isabelle Joschke (Galettes Saint Michel) :

« Mon bateau, je le considère comme un deuxième chez moi. Quand je pars en mer, j’ai l’impression d’être à la maison. Il m’arrive de le traiter de bourrique quand je n’avance pas dans le petit temps. Ou de l’encourager. C’est mon bateau depuis trois ans et même s’ils se ressemblent tous, chaque figaro a ses couleurs, ses odeurs à l’intérieur, ses petits recoins perso ou ses petits pièges »

Jean-Paul Mouren (Groupe Snef) :

« Ce n’est pas un objet. Plutôt un instrument de musique qu’il faut choyer pour qu’il nous sorte les bonnes notes, qu’il n’en fasse pas des fausses. Il nous le fait payer si on ne s’en occupe pas sérieusement. Quand c’est le cas, il me renvoie des messages en mode technique, très concrets. »

En bref de Gijón :

Anthony Marchand forfait pour la deuixème étape

Toujours bloqué du dos – ce qui a provoqué son abandon sur la première manche – Anthony Marchand est contraint de déclarer forfait pour la deuxième étape de La Solitaire du Figaro, entre Gijon et Saint-Gilles-Croix-de-Vie. Le skipper de Bretagne – Crédit Mutuel Performance rentre en Bretagne demain samedi, où il fera des examens complémentaires. Il envisage de participer à la troisième étape, mais aucun risque ne sera pris pour sa santé.

Jean-Pierre Nicol sera au départ de la deuxième étape

Contraint de se retirer de la première étape suite à une avarie de son étai creux, Jean-Pierre Nicol (Bernard Controls) est arrivé jeudi matin en convoyage à Gijón, prêt à repartir pour le deuxième round, même s’il sait qu’il ne peut plus jouer la gagne au classement général. « La suite de la compétition est assez simple pour moi. Je vais me forcer à naviguer plus simple mais avec l’objectif de claquer au moins une étape. Ça me permettra de mieux lancer la suite de ma saison »

Soirée de remise des Prix

Ce soir, vendredi 29 juin, la remise des prix de la 1ère étape de La Solitaire du Figaro Eric Bompard Cachemire se déroulera à 20 heures au Club des Régates de Gijón (Espagne). Au classement général, les trois premiers skippers seront récompensés. Classement d’étape au temps Eric Bompard Cachemire : 1er Yann Eliès sur Groupe Queguiner – Le Journal des Entreprises, 2e Morgan Lagravière sur Vendée, 3e Fabien Delahaye sur Skipper Macif 2012.
Quatre autres Prix seront décernés. Classement Bénéteau Bizuths : Thomas Normand sur Financière de l’Echiquier. Classement de la Bouée Radio France : Gildas Morvan sur Cercle Vert. Classement du Grand Prix GMF Assistance : Yann Eliès. Record CLS-Argos de la meilleure progression : Yann Eliès.

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